Disparue en 2011, la division automobile de Saab a laissé un grand vide dans la production automobile qui n’a depuis cessé de se standardiser. Retour sur une marque pour le moins singulière.
Créée en 1937, la Svenska Aeroplan Aktiebolaget (littéralement « Société par actions d'aéroplanes suédois »), plus connue sous le nom de Saab, est un constructeur aéronautique qui a été fondé afin d’assurer la neutralité de la Suède en cas de conflit. Très rapidement, la firme s’associe avec le deuxième fabricant d’avions suédois, ASJA, et devient SAAB AB. À ses débuts, elle fabrique des aéroplanes américains et allemands sous licence, avant de commercialiser ses propres appareils baptisés B17 et B18. Après la seconde guerre mondiale, SAAB lance ses premiers avions à réacteurs mais ses activités sont en perte de vitesse : il faut alors se redéployer pour éviter la banqueroute. C’est comme cela qu’un pôle automobile est créé. Les premiers prototypes visent à concurrencer les DKW 2 temps qui connaissent un grand succès dans le pays. Ceux-ci débouchent sur la présentation de la première Saab de série en 1952 : la 92.
Objet roulant non identifié
Avec sa carrosserie très profilée, la 92 se distingue du reste de la production d’alors. Son moteur bicylindre de 764cc développant de 25 à 35 ch s'étant jugé trop faible, elle est remplacée par la 93 dès 1955. Son moteur 3 cylindres de 758 cc (33 ch) suffit pour l’emmener à 120 km/h en pointe. Premier modèle à être exporté hors de Suède, elle rencontre un certain succès aux Etats-Unis malgré un prix de vente élevé. En 1960, la 93F reçoit des portes qui s’ouvrent dans le « bon sens » alors qu’elle étaient « suicides » jusque-là. Très vite, la 93 se fait une belle réputation en rallye avec des participations à des épreuves de renom qui débouchent sur des nombreux succès.
Le moteur du succès
Hors de Suède, Saab accède à la notoriété avec la 96 qui est commercialisée en 1960. Basée sur le châssis de la 93, elle dispose dans un premier temps d’un bloc 2 temps de 740 cc à 3 cylindres. Trois ans plus tard, la cylindrée passe à 841 cc et franchit la barre des 40 ch. Cependant, la vraie révolution arrive en 1967 avec l’adoption du moteur V4 développé par Ford et utilisé entre autres par la Taunus. Plus agréable à utiliser et plus coupleux, celui-ci propose la puissance de 64 ch, ce qui constitue un bond important en termes de performances. Déjà à l’époque, Saab se distingue en offrant de réelles avancées en ce qui concerne la sécurité avec une colonne de direction rétractable en cas de choc et un circuit de freinage doublé (AVG et ARD- AVD et ARG). Faisant figure de constructeur original dans le marché automobile des années 60, Saab présente rapidement un break appelé 95 qui a la particularité de disposer d’une seconde banquette arrière placée dans le coffre, de dos aux autres passagers !
La reine des neiges
L’arrivée du moteur V4 stimule la créativité des ingénieurs de la marque qui développent des versions préparées par la compétition. Les blocs sont réalésés à 1,6 litres, puis à 1,8 litres et reçoivent de gros carburateurs. La 95 s’illustre au Monte-Carlo en 1961 en finissant 4e grâce au talent d’Erik Carlsson. Développant plus de 160 ch dans ses versions les mieux préparées, la petite Saab devient le modèle idéal qui permet à de nombreux pilotes de développer leur talent sur les routes enneigées. Cette aisance sur la neige et la glace est due à sa répartition des masses 60-40 qui la rend particulièrement agile dans des conditions difficiles.