Rolls-Royce Camargue, le vilain petit canard

En son temps la voiture de série la plus chère du monde, la Rolls-Royce Camargue a divisé la clientèle de la marque britannique. Malgré une carrière assez longue, elle est demeurée très marginale.

Ancrée dans la tradition, la marque Rolls-Royce manque désespérément de modernité au début des années 70. Pour se distinguer, il est nécessaire de trouver une nouvelle idée et de se diversifier. C’est alors que la direction du constructeur prend une décision inédite : confier le style d’un nouveau modèle à un bureau de style externe. Celui-ci qui vise avant tout le marché nord-américain doit être un coupé (une carrosserie très en vogue à l’époque) et doit être le véhicule le plus cher de toute la production automobile histoire de se faire une réputation. C’est auprès de Pininfarina que Rolls-Royce se tourne pour donner une identité toute particulière à sa voiture. Pour une raison inconnue, le carrossier italien sort de ses cartons un ancien projet de coupé sur base de Mercedes. La caisse est légèrement remaniée pour se poser sur le châssis anglais et les proportions sont hors-normes. Mesurant 5,17 m de long, la voiture a un grand empattement de 3,05 m. Appelée Camargue, le coupé reprend le fameux V8 « maison » d’une cylindrée de 6,75 litres dont la puissance, tenue secrète, est qualifiée de « suffisante ». En réalité, celui-ci développe entre 220 et 240 ch, ce qui n’est pas trop pour les 2,3 tonnes de l’engin.

Décriée

Dès son lancement, la Rolls-Royce Camargue est loin de faire l’unanimité, elle est d’ailleurs rapidement traitée de vilain petit canard par les clients les plus traditionalistes de la marque. Vendue deux fois plus cher qu’une berline Silver Shadow, elle a du mal à justifier son prix stratosphérique, ce qui explique que seuls 150 exemplaires sont construits avec le volant à droite. Pour le marché américain et le Moyen-Orient, elle dispose d’un système de climatisation très complexe destiné à préserver ses occupants installés dans un cocon de cuir et de bois précieux de la chaleur. Entre 1975 et 1986, 380 voitures sont fabriquées entièrement à la main avec le volant à gauche. Notez qu’une seule Camargue est vendue sous le badge Bentley à la demande d’un client fan de la marque.

Se démarquer

Malgré sa rareté, la Camargue ne vaut pas des fortunes sur le marché de la collection puisqu’on en trouve de beaux exemplaires à 60.000 €. Cependant, il faut tenir compte de son exclusivité et prévoir un budget d’entretien conséquent car la bête est complexe et capricieuse comme toute Rolls-Royce de son époque. Les fuites sont légion et mieux vaut l’utiliser régulièrement pour éviter les problèmes. Le gros avantage avec une voiture anglaise est que la grande majorité des pièces est refabriquée, ce qui facilite la restauration. Snob et anecdotique, la Rolls-Royce Camargue est particulièrement intéressante. En posséder une est le bon moyen de ne pas passer inaperçu !

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