Ingénieur passionné de vitesse, Gerald Wiegert s’est battu une grande partie de sa vie pour faire de sa Vector la voiture américaine la plus rapide du marché.
De l’ambition, Gerald « Jerry » Wiegert n’en manquait pas. Dès le début des années 70, cet ingénieur, passionné d’aéronautique et d’automobiles, fait carrière en tant que consultant design chez Chrysler, Ford et General Motors. En 1971, il fonde la société Vehicle Design Force et l’année suivante, il présente un concept de supercar baptisée « Vector ». Dépourvue de moteur, elle est censée utilisée un bloc rotatif Wankel et coûter moins de 100.000 dollars. Ce projet fait sensation et est même photographié en première page du célèbre magazine Motor Trend. Cependant, il faut attendre quelques années pour que la voiture soit mise au point.
Développement très long
En 1978, la Vector W2 (« W » pour Wiegert et « 2 » pour le nombre de turbos dont son moteur dispose) est finalement présentée. Elle est équipée d’un V8 de 5,7 litres de cylindrée d’origine General Motors, équipé de deux turbos. Le tout développe 600 ch et 800 Nm de couple, des chiffres indécents pour l’époque, tout comme la vitesse de pointe annoncée qui frôle les 400 km/h. Montrée dans de nombreux salons à travers les Etats-Unis, la voiture change plusieurs fois de couleur, d’apparence grâce à des refontes esthétiques et bénéficie de nombreuses améliorations mécaniques. Selon plusieurs sources, ce prototype effectue plus de 100.000 km de tests durant son développement.
L’échec
Ce n’est finalement qu’en 1989 qu’est présentée la version de série qui change de nom pour s’appeler finalement W8. Malgré une mise au point longue comme un jour sans pain, la voiture est décevante sur de nombreux points : son esthétique est discutable, sa finition très légère et son prix de 450.000 dollars est délirant. Malgré ses 625 ch, son châssis semi-monocoque, sa carrosserie en aluminium, kevlar et carbone, elle a du mal à convaincre des acheteurs de mettre la main au portefeuille. Après moins de 20 voitures produites, c’est la faillite.
La première fin de l’aventure
Weigert ne se laisse pas démonter et présente en 1992 l’Avtech WX-3 qui n’est en réalité qu’une W8 recarrossée. Au départ, celle-ci est proposée avec 3 moteurs V8 différents, d’une puissance allant de 600 à plus de 1.200 ch grâce à un monstrueux V8 de 7.0 litres de cylindrée gavé par deux turbos ! Deux coupés sont construits, ainsi qu’un prototype d’une version roadster. L’Avtech WX-3 est exposée au Salon de Genève en 1993 mais un imprévu vient une fois de plus mettre des bâtons dans les roues de Weigert. Le groupe indonésien Megatech fait une prise de contrôle hostile de Vector Motors et il est finalement licencié de sa propre entreprise !
La période Lamborghini
Propriétaire de Lamborghini, Megatech modifie la WX-3 à la hâte et installe un moteur V12 de Lamborghini Diablo en lieu et place du V8. La production de la M12 débute en 1995 dans les nouveaux locaux de Vector en Floride. Une fois de plus, malgré de grandes qualités dynamiques, cette voiture se vend mal et fin 1999, seules 14 voitures de série sont produites. Pire encore, Audi, devenu propriétaire de Lamborghini entretemps, fait saisir une W8 suite à un défaut de paiement.
Espoirs déçus
En 1997, Vector change une nouvelle fois de propriétaire et passe dans les mains de Tradelink International Limited, une compagnie qui envisage de présenter un nouveau modèle : la SRV8. Conçue sur base de la M12, elle est de nouveau équipé d’un V8 Chevrolet développant 420 ch. Le projet ne va malheureusement pas plus loin. De son côté, Jerry Wiegert, qui a récupéré le nom Vector suite à une décision de justice de 1999, présente la Vector AWX-8 au Salon de Los Angeles en 2007. Ce monstre est motorisé par un V8 de 7,8 ou de 10 litres de cylindrée. Décédé en 2021, Wiegert n’a pu concrétiser son rêve de revenir sur le devant de la scène automobile américaine.