Dans la saga Maserati Quattroporte, la seconde berline du nom n’a pas marqué les esprits et pour cause, puisqu’il ne s’agissait pas vraiment d’un produit conçu par la marque.
En 1968, Citroën décide de racheter Maserati, en proie à de grosses difficultés financières, à la famille Orsi qui en est propriétaire. Le but de la manœuvre du constructeur français est surtout de s’offrir un moteur noble pour le coupé luxueux qu’il souhaite lancer, une voiture qui deviendra la SM. En même temps, la firme aux chevrons essaie de relancer Maserati avec des modèles comme la Khamsin, la Merak et Bora qui se distinguent par leur système hydraulique de freinage cher à Citroën. Il est également temps pour la firme au Trident de donner une descendance à la Quattroporte (1963-1969) qui fut en son temps la berline la plus rapide du monde. Un prototype dessiné par Frua et développé sous l’ère Orsi avait bien vu le jour mais il resta sans lendemain suite au changement de propriétaire de la firme. Citroën veut faire des économies d’échelle et d’utiliser la plateforme de la SM pour la seconde mouture de la Quattroporte.
Mauvais contexte
La nouvelle venue hérite donc des fameuses suspensions hydrauliques, du V6 de 3 litres et de la traction de la Citroën. Le problème est que cette mécanique offre une puissance modeste par rapport au V8 de la Quattroporte I qui développait de 260 à 290 ch. Avec 190 ch, ce qui était déjà 20 de plus que la SM, la nouvelle Quattroporte fait pâle figure. Présentée au Salon de Paris 1974, la berline doit sa ligne avec Marcello Gandini qui officie pour Bertone. Celui-ci crée volontairement une rupture avec le passé en dessinant une voiture au dessin très sage et peu harmonieux. Le contexte n’est pas bon du tout car la crise pétrolière de 1973 est arrivée et Citroën l’a subit de plein fouet en ce qui concerne les ventes en chute libre de la SM. Deux ans plus tard, Citroën est en faillite et est finalement racheté par Peugeot. La marque au lion s’empresse de revendre à Alejandro De Tomaso qui entreprend de faire le nettoyage au sein de la gamme. Sans surprise, la Quattroporte est la première à en faire les frais même si officiellement, elle demeure au catalogue jusqu’en 1978, année où arrive la troisième génération de la berline, bien plus classique.
Bonne Citroën, mauvaise Maserati
Trop française pour être une vraie Maserati, la Quattroporte II a péché par son avant-gardisme qui n’a pas plu à une clientèle plutôt conservatrice. Sa puissance trop faible ne l’a pas aidé non plus, et le moteur est réalésé à 3,2 litres en 1975 pour développer 200 ch. Il semble également qu’une voiture au moins ait été équipée d’une mécanique de 210 ou de 220 ch, associée à une boîte automatique. Au final, seuls 13 exemplaires de Quattroporte II sont construits, dont un prototype. Six voitures ont été vendues en Espagne, et le reste au Moyen Orient. Il semblerait que sept d'entre elles sont toujours en existence aujourd’hui.