Peel : micro machines

Améliorer la mobilité dans les villes n’est pas une préoccupation qui date d’hier, la preuve avec le petit constructeur britannique Peel qui a produit deux microcars uniques en leur genre.

La Peel Engineering Company a été fondée à la fin des années 1940 par Cyril Cannell. Ce britannique est né dans l'Essex et a grandi à Londres, mais il a passé presque toute sa vie d'adulte sur l'île de Man, dans la ville de Peel. Vu que son siège est basé sur une île, l'entreprise se spécialise à ses débuts dans la fabrication de bateaux et d'équipements marins, mais les premières expérimentations avec l'utilisation de la fibre de verre la conduisent à la production d'accessoires de moto comme des carénages. En 1953, Peel Engineering s’oriente également vers l’automobile en développant une carrosserie monobloc destinée à reposer sur le châssis d’une Ford Anglia. En 1955, Cyril Cannell et son associé Henry Kissack créent une deuxième voiture à carrosserie en fibre de verre, appelée Manxman. Equipée d’un moteur de 250 cc, elle est prévue pour être vendue montée, ou en kit. Finalement, ce modèle n’entre pas en production.

Au Guinness Book

C’est la P50, apparue en 1962, qui permet à la marque de démarrer ses activités en tant que constructeur de voiturettes. Si vous êtes fan de l’émission britannique Top Gear, il s’agit de la microvoiture monoplace à trois roues que Jeremy Clarkson conduit lors d’un essai hilarant dans les couloirs de la BBC à Londres. Longue de seulement 1,34 m, large de 99 cm et haute d’1 m, la P50 est vraiment minuscule (elle figure d'ailleurs toujours au Guinness Book des records en tant que la plus petite voiture de série du monde) et s’attaque déjà au problème de la mobilité dans les grandes villes et ce, il y a plus de 60 ans ! Pour mouvoir ses 56 kg à vide, cet engin dispose d’un moteur 49cc DKW refroidi par air développant 4,5 ch. La monocylindre est associé à une boîte à 3 rapports dépourvue de marche arrière. Pour reculer, il suffit de sortir de la voiture et de la pousser !

Biplace

Capable de rouler à 60 km/h, la Peel P50 est terrifiante à conduire car ses suspensions sont très minimalistes, tout comme sa direction, et le sentiment de sécurité à bord et proprement inexistant. Quant à la différence de gabarit avec les véhicules normaux, n’en parlons même pas ! Présenté au Earls Court Motor Cycle Show de 1962, le prototype a seule roue à l'avant et deux à l'arrière, une architecture qui est finalement inversée sur la P50 de série. Vendue 199 £, elle est moins chère qu’une moto. Pourtant, les ventes ne suivent pas et on estime qu’une cinquantaine d’exemplaires sont construits entre 1962 et 1965. En 1964, Peel complète la gamme de modèles avec la Trident qui se distingue par son étrange bulle en plexiglass. Equipée du même moteur 50cc que la P50, elle trouve environ 80 amateurs !

Mini

La firme présente ensuite la Viking Sport, un coupé utilisant les organes mécaniques de la Mini conçu pour être construit autour de composants Mini. Celui-ci attire l’attention du constructeur britannique BMC (British Motor Corporation) qui commande à Peel un projet de carrosserie en fibre de verre pour la citadine. Malheureusement, une réorganisation interne en 1966 met fin au projet. Peel abandonne l’automobile et se concentre sur les pièces moulées pour les motos et l’univers nautique. La société est finalement dissoute en 1974.

Engouement tardif

Depuis quelques années, les Peel gagnent en popularité grâce à quelques apparitions dans les médias qui ont rendues plus connues du grand public. Devenues très rares, les voitures originales s’échangent contre des sommes astronomiques comme en témoigne la dernière vente organisée par Car & Classique qui a vu une P50 changer de mains à 132.000 euros ! Depuis 2010, la société Peel Engineering a été repris et continue à produire des P50 et des Trident neuves mais il semble que de nombreux clients aient payés un acompte et qu’ils n’aient jamais reçu leur microcar. En Grande-Bretagne, il existe aussi des kits qui permettent de monter soi-même une réplique avec un petit moteur 50 cc. L’immatriculation d’un tel engin chez nous semble toutefois très complexe…

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