Studebaker Avanti : histoire compliquée

Dessinée par le génial designer industriel Raymond Loewy, la Studebaker Loewy a connu plusieurs vie durant sa très longue carrière.

Né en France en 1893, Raymond Loewy quitte rapidement son pays pour les Etats-Unis où ses talents de dessinateur sont reconnus. Devenu designer industriel, il conçoit de nombreux objets de la vie de tous les jours, ainsi que d’innombrables logos. A partir des années 30, Loewy est incontournable dans le paysage industriel américain. C’est alors qu’il est engagé par Studebaker pour s’occuper du design des voitures de la marque. Il est notamment à l’origine de la Champion en 1947 et de la Commander en 1953. Son style particulier et facilement reconnaissable donnent aux modèles du constructeur américain une identité toute particulière. Même si les têtes pensantes de Studebaker ont beaucoup d’idées, les finances ne sont pas au beau fixe. Qu’à cela ne tienne, en 1960, la firme a besoin de présenter une nouvelle voiture a la ligne attirante. Sherwood Egbert griffonne la première ébauche dans un avion alors qu’il vient d’être élu son président. Raymond Loewy et ses collaborateurs se mettent alors au travail.

Subtile "bricolage"

En seulement 40 jours, la nouvelle voiture est née : l’Avanti est basée sur un châssis de Lark Daytona cabriolet qui a été modifié et elle utilise le V8 de l’Hawk dans une version poussée. La carrosserie est quant à elle le seul élément inédit : réalisée en fibre de verre, elle arbore un profil de coupé 4 places semi-fastback qui se passe de calandre. La fabrication de la coque est sous-traitée chez Molded Fiberglass Body, fournisseur des éléments de carrosserie de la Chevrolet Corvette. Il n’y a pas que l’allure de l’Avanti qui est moderne, sa technique l’est tout autant. Elle dispose de freins à disques à l’avant et d’un compresseur volumétrique Paxton en option. Forte de 240 ch dans sa version de base 4,7 litres V8, l’Avanti n’a rien à envier question puissance à la concurrence. Pour le reste, elle était unique en son genre avec sa ligne épurée et un tableau de bord « moussé » d'une grande élégance. Lancée en 1962, elle fait forte impression mais les délais de livraison très longs associés à une qualité de finition médiocre font qu’elle se vend mal. Malgré l’adoption de feux carrés et quelques modifications esthétiques, rien n’y fait. En 1963, Studebaker réorganise sa production et décide l’arrêt de la production de l’Avanti. A ce stade, seules 4.647 voitures sont sorties des chaînes.

Suite plus ou moins glorieuse

Un ancien vendeur de la marque, Nathan Altman rachète alors le nom « Avanti » et les droits de production. L’Avanti II reprit alors le flambeau à partir de 1965, avec des mécaniques Chevrolet sous le capot. Produite en petite série, la voiture séduit une clientèle de passionnés qui n’hésitent pas à débourser une somme rondelette pour se l’offrir. En 1982, un promoteur immobilier du nom de Stephen Blake rachète les droits de l’Avanti II et lui offre quelques modifications mineures. A cette époque, un cabriolet est également lancé. Quatre ans plus tard, nouveau changement de propriétaire suite à la faillite de Blake. Michael Kelly devient le nouveau patron et les voitures sont désormais basées sur des plateformes GM. En 1988, John Cafaro rachète les droits et ne produit plus qu’une berline à 4 portes baptisée "Avanti II Luxury Touring Sedan" qui n’a pas grand-chose à avoir avec le concept d’origine. En 1991, la fabrication est arrêtée. Alors qu’on pourrait croire la fin de cette voiture américaine arrivée, une nouvelle production est relancée en 2001 par Michael Kelly (qui fait son grand retour), sur un châssis GM, puis sur celui de la Mustang. L’arrestation de Kelly par le FBI pour des histoires de fraudes en 2006 sonne définitivement l’arrêt de l’Avanti au terme d’une carrière qui a duré 44 ans !

Pas si chère

Pour s’offrir une Avanti, qu’elle soit construite par Studebaker ou non, il faut se tourner vers le marché nord-américain où ont été écoulées presque toutes les voitures. Vu la relative rareté des pièces spécifiques, il vaut mieux privilégier les exemplaires complets et en bon état. L’entretien des mécaniques ne pose quant à lui à pas de problèmes car celles-ci sont issues de la grande série. Compte tenu du fait qu’elle n’est pas courante, l’Avanti est encore abordable. Sur le Web, on en trouve à partir de 20.000 € mais ce sont les premiers exemplaires, sortis des chaînes de Studebaker qui semblent être les plus chers et les plus recherchés.

A propos de l'auteur:

Lire plus