Peerless : un petit tour et puis s'en va...

Comme beaucoup d’amateurs britanniques de compétition automobile, James Byrnes rêvait de créer sa propre voiture de sport. C’est ce qu’il fit avec Peerless, une marque qui n’a produit des voitures que durant trois petites années.

C’est en Grande-Bretagne, dans la ville de Slough, que James Byrnes, riche hôtelier de son état et pilote à ses heures perdues, rêve de réaliser sa propre voiture de course. Pour se faire, il fait appel à Bernie Rodger, un mécanicien de génie très réputé dans la région, afin de la concevoir. Ce dernier dessine alors un châssis tubulaire basé sur les trains roulants d’une Triumph TR3, un modèle en vogue à l'époque. Le tout reçoit une carrosserie de coupé réalisée en aluminium. Baptisée « Warwick GT », cette voiture se montre performante puisqu’elle dépasse les 200 km/h, une prouesse en 1957 ! Le bolide est présenté à John Gordon, ami de Rodger et concessionnaire Rolls-Royce. Séduit par le projet, celui-ci décide de s’associer et de mettre ses compétences en matière de vente à profit. Pour rencontrer le succès, Gordon fait agrandir l’habitacle de la voiture qui devient une 2+2, et remplace l’essieu arrière par un De Dion. Au Salon de Paris, un second prototype est présenté et il tape dans l’œil de l’état-major de Triumph qui consent à soutenir le projet. Pour assembler cette voiture, Rodger et Gordon rachètent la concession Jaguar « Peerless Motors » de Slough. Celle-ci doit son nom à une activité de récupération après la première guerre mondiale de camions de la marque américaine Peerless. Comme celle-ci est toujours dans les mémoires Outre Atlantique, les deux constructeurs décident de l’adopter pour leur voiture de sport.

Remarquée au Mans

Si de nombreux composants sont fournis par Triumph, la fabrication de la caisse en aluminium est un souci car la sous-traitance coûte cher et la production en interne demande trop d’investissements. Finalement, la solution vient de la British Resin Products Company, une entreprise basée près de Slough, qui propose de construire la carrosserie en fibre de verre. Peu coûteuse, celle solution a l’avantage d’accélérer la production. Plutôt jolie, la Peerless GT est bien finie et en 1958, l’un des premiers exemplaires produits s’illustre aux 24 Heures du Mans où il finit 16e. Evidemment, c’est une excellente publicité pour la marque qui profite également d’essais plutôt positifs dans la presse spécialisée. Alors que Rodger et Gordon prévoient au départ de produire 1.500 véhicules par an, la production, très artisanale, a du mal à suivre la cadence puisqu’une seule Peerless GT est construite tous les deux jours. Ce n’est évidemment pas assez et les délais s’allongent, alors que les ventes vont bon train. Il faut dire qu’elle est vendue un peu plus cher que la TR3. La British Resin Products Company doit produire un second moule mais la petite entreprise est dépassée. Peerless décide alors de changer de fournisseur.

Nouvelle dynamique

Alors que la première Peerless, produite à 250 exemplaires, disposait d’une carrosserie composée de 57 éléments en fibre de verre qui étaient rivetés et collés ensemble, la seconde évolue et devient monobloc, ce qui améliore sa rigidité, ainsi que son processus de fabrication. Reconnaissable à ses quelques modifications esthétiques, la Peerless GT phase 2 donne à la marque la possibilité d’enfin honorer ses clients. Malheureusement, la firme américaine Peerless dépose le bilan et le constructeur britannique n’a plus le droit d’utiliser cette dénomination. Aux Etats-Unis, James Keeble est intéressé par la voiture, à condition qu’elle ai un moteur de Corvette à la place du 4 cylindres Triumph. Gordon se désolidarise alors de Byrnes et s’associe avec Keeble pour produire la Gordon Keeble, une voiture basée sur le châssis de la Peerless qui n’est finalement produite qu’à une centaine d’exemplaires. Restés sur le carreau, Byrnes et Rodger décident de relancer l’aventure et renomment la voiture « Warwick GT ». Légèrement redessinée et améliorée, cette sportive n’est produite qu’à une quarantaine d’exemplaires jusqu’en 1962. Malgré la mise au point de deux (ou trois selon les sources) prototypes à moteur V8 Buick pour le marché américain, la production est définitivement arrêtée.

Pas si rare !

Paradoxalement, il n’est pas compliqué de trouvé une Peerless à vendre sur le Web malgré le fait que peu de voitures ont été produites. Comme la majorité de la mécanique est d’origine Triumph, l’entretien ne pose pas de problème. Pour les pièces plus spécifiques, c’est évidemment plus compliqué. Heureusement, le club de la marque, le Peerless & Warwick owners Register fait refabriquer des panneaux de carrosserie, des vitrages en acrylique, des éléments d’accastillage et bien d’autres pièces utiles. En ce qui concerne la cote de la voiture, comptez tout de même 65.000 € pour un exemplaire en parfait état.

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