Les marques disparues - Tucker 48 : trop en avance sur son temps ?

Et si la voiture américaine la plus géniale de tous les temps n’avait été qu’un gros fiasco financier ? C’est l’histoire de la Tucker 48, une voiture qui n’a vu le jour qu’en très petite série.

La vie de Preston Tucker n’en finit pas de fasciner, 67 ans après sa mort. On se souvient du film que Francis Ford Coppola sort en 1988 sur les grands écrans. Pourtant, son histoire aurait pu tomber dans l’oublié, éclipsée par celles des grands constructeurs automobiles américains. Né en 1903, l’homme est un touche-à-tout passionné par l’automobile. Avant la seconde guerre mondiale, il se révèle être un excellent vendeur de voitures et se fait remarquer partout où il passe. A l’approche du conflit, il conçoit un véhicule militaire rapide et équipé d’une tourelle de tir très mobile. Celle-ci attire l’attention de l’armée américaine qui en achète les droits, faisant de Tucker un homme riche. Après la guerre, ce dernier imagine une voiture idéale, dotée des derniers raffinements en matière de sécurité, et lance une campagne de financement.

Idées avant-gardistes

A la fin des années 40, Preston Tucker véhicule des idées révolutionnaires qui déroutent une clientèle très conservatrice. La mise au point de sa voiture qu’il n’hésite pas à appeler lui-même « La voiture de demain » n’est pas évidente et les retards s’accumulent. Fort de son expérience, il développe un tableau de bord minimaliste et rembourré, un pare-brise incassable, un troisième phare qui s’incline en fonction de la position des roues, de grandes portières sans arrêtes et un frein de parking protégé par une clé. De plus, elle est extrêmement aérodynamique dans le but d’être la plus efficace possible, elle qui est équipée d’un moteur d’hélicoptère Franklin, un 6 cylindres en ligne de 5,5litres développant 166 ch. Fournie par Cord, la boîte de vitesses préselective compte 4 rapports.

Pas assez de trésorerie

Finalement, une petite série d’une cinquantaine de voiture est construite et le 19 juin 1947, la Tucker 48 est présentée devant un parterre de 3.000 personnes triées sur le volet. Même si la voiture est une merveille d’ingénierie issue de l’esprit toujours occupé de son concepteur, des problèmes évidents de conception ne passent pas inaperçus auprès de certains invités qui crient au scandale. Le plus gros problème de Tucker est le manque de fonds qui constitue une barrière au développement de sa voiture. L’homme ne se démonte pas et met au point une opération marketing géniale et très simple : pour s’assurer une bonne place dans la file d’attente des commandes, les clients peuvent acquérir à l’avance des accessoires pour leur futur véhicule. Grâce à cela, Preston Tucker fait rentrer beaucoup d’argent dans l’entreprise.

Procès

Ce procédé douteux intéresse très vite la commission de surveillance de la Bourse qui reproche à Tucker de faire de la publicité mensongère et d’escroquer ses clients et partenaires. De son côté, Preston Tucker accuse les « Big Three », les 3 constructeurs américains les plus importants (Ford, General Motors et Chrysler) d’être responsables du sabotage de son entreprise. En 1950, Tucker est acquitté et toutes les charges sont abandonnées. Ayant souffert de ce battage médiatique négatif, la Tucker Car Corporation est déclarée en faillite et 1.500 personnes sont licenciées. Très affecté par cet échec, Preston Tucker décède d’un cancer en 1956.

Occasion manquée

Considérée comme l’un des plus grands ratés de l’automobile américaine, l’histoire de Tucker est celle d’un énorme gâchis. Si le concept de cette voiture est plus que louable et sa technologie très en avance sur son temps, le caractère extrêmement perfectionniste de son créateur et sa personnalité fantasque l’on condamnée à l’échec. Seulement 52 exemplaires de la Tucker 48 en été produits et il en resterait 47, pour la plupart exposé dans des musée Outre-Atlantique.

A propos de l'auteur:

Lire plus