Très originale et novatrice sur de nombreux plans, la Kaiser Darrin aurait pu connaître une belle carrière sur le marché des roadsters au début des années 50. Le destin en a malheureusement décidé autrement.
A l’origine de la Kaiser-Darrin, il y a comme souvent une histoire d’égo. Celui de Henry Kaiser, un industriel américain qui a fait fortune durant la 2e guerre mondiale est particulièrement développé. Après le conflit, il lance sa propre marque automobile qui ne rencontre pas le succès escompté. Fin des années 40, il rencontre Howard (surnommé« Dutch ») Darrin, designer de son état, qui conçoit la Henry J., une berline de gamme moyenne. Cependant, il réfléchit très vite à la conception d’un roadster qui pourrait faire connaître la marque. Kaiser n’est pas emballé par le projet mais la légende veut que son épouse arrive finalement à le convaincre.
Fibre de verre
La Kaiser Darrin est plutôt ambitieuse : elle est la première voiture américaine dont la carrosserie est réalisée en fibre de verre, et le premier prototype est fabriqué en 1952, coiffant la Chevrolet Corvette sur le poteau. Cette technologie novatrice à l’époque à l’avantage de ne pas être chère et elle évite de plus les pénuries que subissent l’aluminium ou l’acier. Très particulière, la ligne de la Kaiser Darrin 161 est unique en son genre. Pourvue d’une minuscule calandre, cette voiture faite de nombreuses courbes est particulièrement fluide. Ce qui la singularise, c’est sa quasi absence de chromes et ses portières montées sur rail qui coulissent pour disparaître dans les ailes avant ! Cette coquetterie lui empêche de disposer de vitres dans les portières, ce qui réserve son usage aux pays où le climat est clément toute l’année. Son autre particularité est qu’elle bénéficie d’une capote « landau » à trois positions qui lui donne beaucoup d’élégance.
Performances moyennes
Dans les standards de l’époque, le pare-brise est arrondi, façon format Cinémascope. Particulièrement élégant, l’habitacle est entièrement recouvert de vinyle matelassé et l’équipement est plutôt complet pour le début des années 50 avec un chauffage, une instrumentation complète et un levier de vitesses au plancher. D’origine Willys, son moteur est un 6 cylindres de 2,6 litres équipé d’une boîte à 3 rapports. Développant 90 ch, il permet à la Kaiser Darrin d’atteindre 155 km/h en pointe. Le freinage est quant à lui confié à 4 tambours. La voiture est finalement présentée au public en 1954. Plus chère qu’une certaine Chevrolet Corvette récemment arrivée sur le marché, elle est moins puissante que les concurrentes européennes que sont la Triumph TR2 ou la Mercedes 190 SL. Résultat, elle se vend très mal et Henry Kaiser décide de la retirer du marché en août 1954, sept mois seulement après ses débuts commerciaux. Darrin rachète 50 voitures non terminées et endommagées durant une tempête. Il les modernise ensuite (versions à compresseur, carburateurs différents, etc.) pour les vendre de son côté. Six voitures sont même équipées d’un V8 Cadillac de 304 ch. Convaincu par « sa » voiture, le designer imagine une version à quatre portes qu’il propose à la Studebaker-Packard Corporation. Le projet n’est finalement jamais concrétisé.
Prix soutenus
Sur les 435 Kaiser Darrin construites, seules 280 existeraient toujours aujourd’hui. Symbole d’une Amérique du début des années 50 où toutes les excentricités étaient permises, elle est une rareté prisée par des collectionneurs avertis. Si ce n’est la mécanique qui est issue de la grande série, le reste des composants lui est propre et donc introuvable. Le prix pour un bel exemplaire tourne autour de 120.000 à 160.000 €.