Bugatti Type 101 : dernier baroud d’honneur

Après la seconde guerre mondiale, rien ne va plus pour Bugatti qui connait d’important problèmes de trésorerie. Après la mort d’Ettore Bugatti, son fils Roland tente de relancer les activités de la marque avec la Type 101. Une occasion malheureusement ratée faute de moyens suffisants…

Le 21 aout 1947, Ettore Bugatti, fondateur de la marque éponyme, décède à l’âge de 65 ans. Au bout du rouleau, le « Patron » comme l’appelaient ses employés a vécu des années difficiles à la fin de sa vie. En 1939, son fils, Jean Bugatti, ingénieur prodige, se tue au volant d’une voiture d’essai. Quelques mois plus tard, au début de la seconde guerre mondiale, l’usine est confisquée par les allemands. A la libération, Ettore Bugatti doit se battre pour récupérer son usine située à Molsheim (Alsace) auprès de l’administration française. Malheureusement, la firme a beaucoup de dettes et les modèles Type 73 et 68, en gestation, ne sont finalement concrétisés faute de moyens. A sa mort, Bugatti survit petitement en assurant l’entretien des véhicules d’une clientèle composée de passionnés fidèles.

Reprise de flambeau

Roland Bugatti, le plus jeune fils d’Ettore, a seulement 25 ans lorsque son père décède. Héritier de la marque, il s’entoure de Pierre Marco (ancien pilote et fidèle collaborateur, qui devient directeur général) afin de sauver Bugatti. Dans un premier temps, les deux hommes entreprennent d’assembler quelques « 57 » avec des pièces dont ils disposent. En 1951, ils présentent un nouveau modèle : la type 101. Faute de moyens suffisants, celle-ci est en réalité une Type 57 dont le moteur dispose d’une distribution par chaînes, un carburateur 36 DCL, un circuit de freinage doublé, une boite manuelle à 4+1 rapports ou préselective Cotal 4 vitesses.

Du neuf avec du vieux

Par rapport à la concurrence, la Bugatti Type 101 semble désuète avec sa technique d’une autre époque (son châssis est à peu de choses près celui de la 57 lancée en 1934 !) et sa carrosserie« ponton » réalisée par le carrossier Gangloff, est loin d’être attirante. Vendue très cher, la Bugatti n’a plus le panache des anciens modèles de la marque. Cependant, le cas de Bugatti n’est pas une exception : le début des années 50 sonne le glas des constructeurs français prestigieux comme Delahaye, Salmson ou Talbot-Lago qui disparaissent un par un.

Haute couture

Au final, Bugatti vend de 1951 à 1958 six châssis de la Type 101 qui sont carrossés par Gangloff, Guilloré, Antem ou Ghia-Aigle. Un dernier châssis est produit en 1960 et ce dernier reçoit une robe dessinée par le designer Virgil Exner et réalisée par Ghia cinq ans plus tard. Equipée d’un 8 cylindres en ligne de 3,3 litres, la Type 101développe 150 ch, voire 190 ch lorsqu’elle est équipée d’un compresseur. En 1956, Bugatti tente désespérément de revenir à l’automobile avec la Type 251, une monoplace dont le moteur est conçu par l’ingénieur Colombo à qui on doit les V12 des premières Ferrari. Malgré une fiche technique ambitieuse, la voiture doit abandonner à deux des trois épreuves à laquelle elle est inscrite, manquant cruellement de mise au point. Une prototype d’une voiture de sport équipée d’un moteur d’1,5 litres, la Type 252, est développé. Ce modèle ne sera finalement jamais commercialisé en raison de la faillite de Bugatti.

Destin complexe

En 1963, Roland Bugatti vend sa société à Hispano-Suiza qui réoriente ses activités vers le secteur aéronautique. Il faut attendre 1987 pour que l’industriel italien Romano Artioli reprenne Bugatti et fonde deux ans plus tard la Bugatti Automobili SpA à laquelle on doit l’EB 110, la première voiture de la marque depuis bien longtemps. L’aventure prend malheureusement fin en 1995, signifiant la deuxième mort de Bugatti. En 1998, Volkswagen ressuscite la marque pour de bon et marque l’histoire des supercars avec la Veyron. Depuis 2021, Bugatti est désormais la propriété du constructeur croate Rimac et son avenir semble enfin assuré.

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