Panther : tous les délires ont été permis !

Pendant un peu plus de vingt ans, le constructeur britannique Panther a produit des voitures singulières pour une clientèle qui aimait particulièrement se démarquer.

Robert Jankel a toujours été passionné par l’automobile. Issu d’une famille impliquée dans la confection et la mode, cet ingénieur de formation a construit dès qu’il a pu sa propre voiture sur base d’une Austin Seven. Après avoir échoué dans le négoce de véhicules d’occasion, Jankel revient dans l’affaire familiale mais ses rêves ne changent pas. C’est après avoir revendu une Rolls-Royce des années 30 qu’il a complètement restaurée lui-même qu’il imagine commercialiser une voiture au look d’avant-guerre, équipée d’une mécanique moderne. Il pense alors à la SS 100, une voiture de sport qui a marqué son enfance et avec quelques amis, il construit un premier prototype au sein de la société qu’il vient de créer. Celle-ci s’appelle Panther Westinds, en hommage au constructeur Jaguar qu’est devenu SS (Standard Swallow) et à sa maison familiale. Le plus étonnant est que Jankel arrive finalement à convaincre Jaguar du bien-fondé de son initiative et la marque lui revend finalement des mécaniques XK de 3,8 et de 4,2 litres pour équiper sa voiture.

Départ sur les chapeaux de roues

En 1972, la J72 est lancée. Capable d’atteindre 200 km/h en pointe, cette voiture n’est pas une réplique d’un modèle existant. Elle reprend juste des caractéristiques esthétiques des années 30 qu’elle adapte à sa sauce. Si les grandes ailes sont présentes, elle gagne par contre en largeur pour offrir plus de confort à ses passagers. Les débuts de la J72 sont fracassants et la Panther fait l’objet de nombreux articles dans la presse en raison de son originalité. C’est ce qui plait justement à une clientèle qui a les moyens, parce que la J72 est vendue très chère : deux fois le prix d’une Jaguar Type E ! Avec sa finition de grande qualité, elle est une vraie voiture de luxe qui est produite à 380 exemplaires jusqu’en 1982.

Essais infructueux

Le succès rencontré par la J72 pousse Jankel à s’associer avec le suisse Willy Felber. Ensemble, les deux hommes mettent au point la FF, une voiture de sport construite sur la base d’une Ferrari 330 GTC. Mal vue par la firme de Maranello, elle n’est produite qu’à 7 exemplaires de 1972 à 1974. Plus tard, c’est de la Bugatti Royale que Jankel s’inspire avec la De Ville, une grosse berline reprenant des mécaniques Jaguar. Extrêmement chère à produire, elle ne trouve qu’une soixantaine de client (dont certains vont opter pour une version cabriolet à 6 portes) jusqu’en 1985. Plus raisonnable, la Rio lancée en 1975 est conçue autour de la berline Triumph Dolomite. Flanquée d’une face avant « façon Rolls-Royce » et copieusement embourgeoisée au moyen de boiseries, de cuirs précieux et d’une stéréo haut de gamme. Vendue trois plus cher qu’une Dolomite standard, la Rio s’est vendue à seulement 38 exemplaires entre 1975 et 1977.

Retour du succès

Mise à mal par ses derniers échecs, la société Panther doit absolument lancer un nouveau modèle pour sortir la tête de l’eau. C’est chose faite avec la Lima, un cabriolet qui s’inspire très librement des roadsters des années 50 comme la MG TD ou la Morgan. Equipée d’une mécanique 2,3 litres Vauxhall développant 108 ou 178 ch dans sa version turbocompressée, elle dispose d’une carrosserie en fibre de verre reposant sur un châssis tubulaire. La version MKII reçoit un tableau de bord en ronce de noyer et un châssis lui offrant plus de rigidité. Le succès est enfin au rendez-vous puisque 897 Lima quittent les ateliers de Panther durant une période longue de huit ans.

La faillite

Pourtant, le constructeur britannique ne peut éviter la faillite en 1980 suite à l’échec de la Panther 6, une voiture délirante à 6 roues équipée d’un moteur Cadillac de 8,2 litres de cylindrée. L’entreprise est rachetée par le coréen Young Kim, présidant à la destinée du groupe Jindo. La Lima évolue et devient Kallista, adopte un châssis fabriqué en Corée et une carrosserie qui est désormais réalisée en aluminium. Le nouveau propriétaire arrive à baisser les coûts de production de 40%, ce qui fait gagner plus d’argent à Panther. Plus longue de 7,5 cm, la Kallista emprunte désormais ses mécaniques à Ford. Si au début, ce sont des 4 cylindres 1.3 et 1.6 qui prennent place sous le capot, ce sont ensuite des V6 2.3, 2.8 et 2.9 qui animent ce cabriolet plein de charme.

Episode coréen

Alors que la Kallista connait le succès (1.740 voitures sont construites jusqu’en 1993), Young Kim nourrit l’ambition de créer une petite voiture de sport abordable à moteur central. C’est la Panther Solo, un modèle qui se fait éclipser la Toyota MR, plus réussie et bien moins chère. Qu’à cela ne tienne, Young Kim fait repenser entièrement ce modèle et la Solo II est finalement présentée en 1989. Reprenant la mécanique de la Ford Sierra RS Cosworth, elle s’avère décevante. En effet, la qualité de construction est très moyenne, tout comme ses performances. Vendue très cher, elle n’a pas un grand avenir commercial. Young Kim décide de jeter finalement l’éponge et la firme SsangYong devient propriétaire de Panther. Moins de 25 Solo II sont fabriquées jusqu’en 1990. A cette époque, la production de Kallista est transférée dans une autre usine car Robert Jankel a lancé une nouvelle activité de personnalisation de véhicules de luxe après la faillite de Panther. En 1992, SsangYong reprend la fabrication du cabriolet en Corée mais le constructeur a d’autres priorités, comme son nouveau 4x4 Korando. Au final, seules 78 voitures sortent des chaines avant que la marque ne s’éteigne. De son côté, Jankel diversifie ses activités en produisant des véhicules blindés de luxe et des limousines. En 2001, il rachète finalement Panther mais son décès prématuré en 2005 sonne définitivement le glas de la société.

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