Cord : l’avant-garde ne date pas d’hier !

Pendant quelques années seulement, Cord a produit des voitures qui étaient en avance sur leur temps. Malheureusement, les problèmes se sont rapidement accumulés…

Comme pour de nombreuses marques automobiles, un hommes d’affaires est à l’origine d’un projet qui a changé le cours de l’histoire de la mobilité. Errett Loban Cord est l’un d’entre eux, et cet américain se fait connaître en rachetant en 1924 le constructeur Auburn en proie à de très graves difficultés financières. Le premier coup de génie de Cord est de faire repeindre des voitures de stock qui, grâce à leurs nouvelles couleurs chatoyantes, se vendent très rapidement. L’année suivante, il s’adresse à la société Lycoming Engines, un motoriste renommé, pour lui vendre des moteurs. Finalement, il achète la firme en 1927, après avoir fait l’acquisition de Duesenberg, une autre marque de voitures de prestige. Désormais à la tête d’un groupe automobile, Cord n’est pas encore satisfait car son rêve est d’apposer son nom sur une voiture.

Pionnière

En 1929, il franchit le pas en lançant la Cord L29, première voiture américaine à adopter la traction et particulièrement innovante avec son châssis en X. Présentée la même année au Salon de Paris, la L29 est une curiosité qui connaît Outre-Atlantique un grand succès auprès des stars d’Hollywood. Malheureusement le krach de la bourse de Wall Street nuit gravement à la carrière de cette voiture équipée d’un 8 cylindres en ligne de 4,9 litres : la production est arrêtée en 1931 après seulement 5.000 exemplaires.

Seconde tentative

Cord ne s’avoue cependant par vaincu et il lance l’étude d’un nouveau modèle encore bien plus révolutionnaire : la 810. Dessinée par Gordon Buehrig et son équipe composée de Vince Gardner et Alex Tremulis, cette voiture est inspirée par le style Art Deco de l’époque. Premier véhicule à disposer de phares rétractables, la Cord 810 reprend les codes stylistiques de Duesenberg comme les échappements flexibles latéraux ou la ligne fastback. Pour le reste, elle innove avec son capot « cercueil » qui la dispense de calandre classique ou ses portières sans charnières apparentes. L’habitacle est tout aussi bien traité avec un planche de bord recouverte d’aluminium martelé et une radio, un grand luxe en ce début des années 30. La voiture est finalement présentée au Salon de New-York 1935 et elle est disponible en 4 carrosseries différentes : la berline Beverley Sedan classique, la berline Westchester Sedan, plus sophistiquée, le Convertible deux places et le Convertible quatre places.

Innovante

La Cord 810 est une merveille de technologie car elle dispose de suspensions avant indépendantes, d’un V8 de 4,7 en position longitudinale avant, d’une boîte préselective à 4 rapports Borg Warner, de 4 freins à tambours assistés et d’amortisseurs hydrauliques. Capable de rouler à 150 km/h, cette monocoque surpasse totalement la concurrence de l’époque. En 1937, Cord lance la 812 qui est équipée d’un compresseur faisant passer la puissance à 170 ch. En option, un compresseur Schwitzer-Cummins permet même à la voiture de développer 190 ch, ce qui lui permet d’atteindre 177 km/h. Malheureusement, les Etats-Unis connaissent en 1936 la Grande Dépression et le pouvoir d’achat des clients s’en ressent. De son côté, Cord connait de gros retards de livraison, ainsi que des problèmes de fiabilité avec la transmission notamment. La 812 qui corrige les problèmes de la 810 est plus chère que cette dernière, ce qui n'arrange rien. De son côté, Errett Lobban Cord est embêté par la justice pour des histoires de fraude financière. Il vend ses activités dans le domaine de l’aéronautique à l’Aviation Corporation (AVco). Son activité automobile constituée par Auburn-Cord-Duesenberg ferme quant à elle purement et simplement ses portes en 1937. En deux ans, seules 2.830 Cord 810/812 ont été produites. Aujourd’hui, la marque est entrée dans la légende de l'automobile américaine.

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