Siata, bien plus qu'un préparateur !

Préparateur spécialisé dans les Fiat, Siata a également produit durant les années 50-60 de magnifiques voitures utilisant des mécaniques fournies pour le constructeur de Turin.

Aujourd’hui, lorsqu’on parle de Fiat performantes, le nom d’Abarth vient directement dans la conversation, comme une évidence. Pourtant, le préparateur italien n’a pas été le premier à s’intéresser aux productions du constructeur turinois. En effet, Giorgio Ambrosini a commencé à développer des pièces spéciales dès 1926 avec sa société « Società Italiana Applicazioni Tecniche Auto-Aviatorie » (Société Italienne Applications Techniques Automobiles et Aviation), connue sous le nom de Siata. Destinés à gonfler la puissance des moteurs des Fiat 522, Fiat 524, Fiat 514 et Fiat 508 Balilla, ses produits rencontrent un franc succès. Pour l’anecdote, Siata, désormais dirigé par Renato Ambrosini, fils de Giorgio, développe au début de la seconde guerre mondiale un petit moteur destiné à prendre place sur n’importe quel vélo. Appelé « Cucciolo », ce petit bloc 4 temps remporte directement un franc succès au point que la firme se retrouve vite dépassée pour organiser sa production. Siata se tourne alors vers Ducati, qui dispose alors d’une usine de composants électromagnétiques, pour assurer sa fabrication. La légende veut que le Cucciolo aurait poussé Ducati à s’orienter vers les deux-roues !

De préparateur à constructeur

À la fin de guerre, Siata continue le développement de pièces « performance » pour les Fiat tout en se lançant dans la fabrication de voitures complètes équipées de mécaniques turinoises, sa spécialité. Devenue Societa Italiana Auto Trasfarmazioni Accessori, la firme fabrique un cabriolet doté d'une mécanique Fiat Topolino baptisé Amica de 1948 à 1952, ainsi que la Daina sur base Fiat 1400 1950 et 1958. À l’époque, Fiat veut produire une voiture de sport luxueuse. C’est le fameux ingénieur Dante Giacosa, papa de la 500, qui met au point un V8 de 2 litres fait de deux moteurs 4 cylindres accolés. Si la puissance n’est pas mirobolante avec seulement une centaine de chevaux, la voiture qui l’accueille s’inspire des modèles les plus prestigieux de l’époque en étant proposé sans carrosserie, à charge pour le client d’aller faire habiller son châssis. Témoignant de sa confiance en Siata, Fiat confie à la firme le développement du châssis tubulaire de ce qui devient la 8V.

Siata se sent pousser des ailes

Ce contrat prestigieux donne des idées à Ambrosini qui demande à Fiat la permission d’acheter quelques ensembles châssis-moteur. C’est ainsi que naît la Siata 208 en 1952, une voiture de moins de 1.000 kg dont le V8 est porté dans certaines versions à 140 ch. Si la 208 est présentée pour la première fois en coupé, c’est sa version barquette 208S avec une caisse en aluminium réalisée par Motto qui intéresse une clientèle composée d’amateurs de voitures exceptionnelles. Comme la Fiat 8V, la Siata 208 peut être acquise sous la forme d’un châssis complet à faire habiller. Les meilleurs carrossiers de l’époque. Malheureusement, la Fiat 8V est un échec commercial et ce modèle est abandonné, ce qui entraîne la fin de Siata 208 qui n’a été produite qu’à 51 exemplaires.

Vaches plus maigres

Par la suite Siata fabrique des modèles sur des bases Fiat bien plus roturières (Fiat 850, 1500 et 1600 et 1500 TS). Ces voitures élégantes empruntant des mécaniques 4 cylindres demeurent néanmoins assez confidentiels en raison de leur carrosserie spéciale qui fait s'envoler leur prix de vente. L’importateur français de la marque, André Chardonnet, suggère au milieu des années 60 à Ambrosini de développer un roadster au look rétro pour une clientèle jeune et branchée. C’est ainsi que nait la Siata Spring, un véhicule doté d’un pare-brise rabattable et de portières échancrées, basé sur la Fiat 850. Destinée à être relativement abordable, la Spring n’économise pas de nombreux gimmicks stylistiques plus ou moins heureux qui en font une vraie caricature. Le problème est que la production ne suit pas. Entre 1967 et 1970, seules 3.500 voitures sont produites, sans jamais dépasser une cadence supérieure à 13 véhicules par jour.

Rebondissement

La faillite de Siata est finalement prononcée en 1970 mais les droits de la Spring sont rachetés par le constructeur italien ORSA basé à Cagliari en Sardaigne. La Seat-ORSA 850 ER Spring Special dispose comme son nom l’indique d’un moteur 850 produit par Seat, après l’arrêt de la production du bloc Fiat. Une petite centaine d’unités sont encore fabriquées jusqu’en 1975/1976, avant que ce modèle atypique ne disparaisse pour de bon.

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