Chrysler Airflow : trop en avance sur son époque

De 1934 à 1937, la Chrysler Airflow a été une des premières voitures américaines de série à adopter un style nouveau associant courbes et fluidité, résultat des premières recherches dans le domaine de l’aérodynamique.

A la fin des années 20, les voitures américaines sont désespérément carrées et leur design est loin d’être inspiré. Carl Breer, directeur technique chez Chrysler et amateur d’aéronautique, étudie avec son équipe le fuselage des avions car il souhaite s’inspirer des techniques de l’avion pour fabriquer des voitures les plus efficientes possible. Breer en arrive alors à la conclusion qu’une carrosserie d’automobile doit être étudiée en soufflerie afin d’être aérodynamique. Pour ce faire, il s’adjoint les services de l’ingénieur William Earnshaw qui s’intéresse aussi à cette nouvelle façon de concevoir une voiture. Peu expérimenté, ce dernier fait alors appel au célèbre aviateur Orville Wright afin de profiter de son expérience en la matière.

Révolutionnaire

Au fil des recherches en soufflerie, plusieurs maquettes sont réalisées et des choix techniques sont réalisés. La voiture est une monocoque en acier, une technique inédite aux USA, et ses phares sont intégrés dans la carrosserie. Un premier prototype est construit et Walter Chrysler, le grand patron, croit dur comme fer à la révolution que va apporter ce véhicule sur un marché américain qui a beaucoup souffert depuis le krach boursier de 1929. Pour une meilleure stabilité, les masses de ce qui devient l’Airflow sont redistribuées. Par contre, le moteur n’est pas nouveau, il s’agit d’un 8 cylindres en ligne de 298 CI provenant de la Chrysler Eight de 1932, placé devant le train avant. En plus d’être originale, la nouvelle venue est performante et elle le prouve en roulant 500 miles durant à la vitesse moyenne de 95,7 miles à l’heure.

Accueil mitigé

La Chrysler Airflow est finalement présentée au Salon de New-York 1934 où elle rencontre un certain succès. Elle fait ensuite la tournée des grandes villes américaines où son style particulier ne fait pas l’unanimité. Disponible en coupé et en berline, elle s’offre en 4 empattements différents à une clientèle qui a du mal à retrouver ses repères. Pour ne rien arranger, les premières livraisons prennent du retard à cause d’une mauvaise organisation dans les usines de Chrysler qui provoquent d’importants problèmes de qualité. Le constructeur perd des parts de marché et c’est la Six, un modèle bien plus conventionnel, qui remporte les faveurs de la clientèle. Vendue également sous la marque De Soto, l’Airflow ne fait pas mieux.

Tentatives vaines

En 1935 intervient déjà un facelift visant notamment à rendre la calandre plus pointue. Le but est d’évidemment stimuler les ventes. Le coupé Brougham et la berline Town Sedan disparaissent du catalogue. Parallèlement à l’Airflow, Chrysler lance l’Airstream, une version modernisée de la Six, commercialisée également avec le moteur 8cylindres. L’année suivante, la malle arrière est redessinée pour accueillir la roue de secours qui était fixée à l’arrière de la voiture jusque-là. En 1937, la gamme est encore simplifiée et seule subsistent un coupé et une berline quatre portes. L’Airflow reçoit un moteur de 5,3 litres, ce qui ne suffit pas relancer les ventes. De 11.000 unités produites en 1934, la Chrysler n’a été fabriquée qu’à 4.603 exemplaires en 1937. Il est alors décidé d’arrêter les frais puisque seuls 27.878 exemplaires trouvent preneur en 3 ans. La légende raconte que l’Airflow a été la grande déception de Walter Chrysler qui n'a jamais compris la raison de cet échec commercial. Trop en avance sur son temps, cette voiture d’ingénieurs ne correspondait en fait pas à la demande de la clientèle de l’époque. Maigre consolation cependant, elle a inspiré de nombreux constructeurs du monde entier comme Peugeot avec ses 202, 302 et 402 ou Volvo avec la PV 36.

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