Jensen Interceptor, l’hybride avant Toyota !

Fabriqué au Royaume-Uni, le coupé Jensen Interceptor associait l’élégance britannique et une ligne italienne à la furie d’un gros moteur V8 américain. Un mélange étonnant mais très plaisant.

Jensen fait partie de ces petits constructeurs anglais à l’histoire tourmentée. Au début des années 60, la firme survit en fabriquant des caisses de P 1800 pour le compte de Volvo. Mais elle construit également au compte-gouttes la CV8, un coupé élégant équipé d’un V8 d’origine Chrysler. Vieillissante, cette voiture doit être remplacée pour que Jensen garde sa place dans un segment de modèles luxueux qui doivent être constamment à la pointe. Pour ce nouveau modèle, la firme se tourne vers le carrossier italien Touring pour lui concevoir un véhicule élégant et sportif. En 1966, Jensen présente l’Interceptor, un coupé 2+2 dont les panneaux de carrosserie sont emboutis et peints chez Vignale, en Italie. A cause de retards de production qui entachent les débuts commerciaux de la voiture, le constructeur britannique reprend vite à son compte la fabrication des éléments de la caisse dans sa propre usine.

V8 power

Assez suggestive, l’Interceptor se démarque par sa face avant élégante, son grand hayon en forme de bulle et son intérieur luxueux. Le plus intéressant sur cette voiture est son caractère hybride qui mêle une ligne conçue en Italie, un habitacle très britannique et une motorisation américaine. Car, sous le capot, prenait place un V8 Chrysler Typhoon de 6,3 litres développant 335 ch SAE, associé à une boîte de vitesse automatique « Torqueflite » à seulement 3 rapports. Capable de passer de 0 à 100 km/h en 6,5 et de dépasser les 240 km/h, l’Interceptor tient le dragée haute face aux meilleures sportives de l’époque. Avec presque 1.700 kg sur la balance, elle est une GT qui se montre confortable dans toutes les circonstances. En 1969, elle reçoit des améliorations au niveau des freins Girling à la place des Dunlop, la climatisation et son intérieur est redessiné. Deux ans plus tard, Jensen présente l’Interceptor SP qui reçoit un moteur de 7,2 développant 385 ch SAE et qui se veut « toutes options ». Cependant, la consécration vient avec l’Interceptor III qui adopte les dernières nouveautés de la SP mais qui dispose de 6,3 litres de 300 ch SAE, remplacé plus tard par le 7,2 litres de 335 ch SAE. A elle seule, la « III »se vend plus que toutes les autres versions réunies ! En 1973 sort la version ultime baptisée Interceptor III série 4 dont le moteur approche les 400 ch SAE et dont l’intérieur se pare de cuir et de bois. En 1974, la firme présente une version cabriolet qui ne suffit malheureusement pas à relance les ventes de la voiture (dont la consommation tourne autour des 20l/100 km) qui est touchée de plein fouet par la crise pétrolière de 1973. Après un dépôt de bilan en 1975, Jensen ferme ses portes en 1976 après 6.408 exemplaires vendus.

Intégrale

Peu de passionnés de voitures le savent, Jensen est l’origine de la première voiture dotée d’une transmission intégrale de série. Développée en collaboration avec Ferguson (oui, la firme à la base des tracteurs modernes !), l’Interceptor FF (pour Ferguson Formula), cette voiture bénéficie d’une technologie de pointe à l’époque qui était associé au système Dunlop Maxaret, un système mécanique d’antiblocage des freins qui est précurseur de l’ABS. Fabriquée de 1968 à 1971 à seulement 320 exemplaires, la FF est un laboratoire roulant dont le prix exorbitant lui a empêché de faire correctement carrière.

Marché en plein essor

Il y a 15 ans, les Jensen Interceptor étaient boudées par les collectionneur et s’échangeaient autour des 15.000 €. Depuis les choses ont bien changé car ce modèle a connu un regain d’intérêt, de nombreux spécialistes se sont voués à sa cause (surtout en Angleterre) et les prix ont naturellement explosé. Aujourd’hui, les beaux exemplaires dépassent sans problème les 50.000 € et se rabattre sur une voiture à restaurer n’est pas forcément un bon plan lorsqu’on sait que la corrosion est endémique sur cette voiture. Très rares, les versions FF sont encore plus recherchées et certaines pièces détachées spécifiques sont introuvables.

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