NSU RO80, le chant du signe

Avant de disparaître définitivement après avoir été absorbé par Audi, NSU a produit la RO80, une berline attirante à l’apparence très moderne. Malheureusement, l’audace dont a fait preuve la firme allemande n’a pas payé.

Par rapport à ses concurrents germaniques, NSU n’est dans les années 60 qu’un petit constructeur dont les voitures sont réputées pour leur conception sérieuse. En 1967, au Salon de Francfort, la firme surprend le public avec une berline au dessin très moderne. La RO80 dispose surtout d’un moteur rotatif Wankel, une avancée une avancée technologique considérable qui contraste avec les autres modèles de NSU qui bénéficient d’un moteur placé à l’arrière. Pour percer, le constructeur n’hésite pas à jouer gros car la technologie Wankel n’en est à qu’à ses prémices. Ce choix osé est justifié par fait que NSU veut se démarquer de la concurrence par son audace technologique, un pari légitime mais plutôt risqué.

Technique prometteuse

A l’intérieur du moteur de la RO80 (RO pour rotatif et 80, la décennie censée être représentée par cette berline), point de pistons mais deux rotors qui effectuent des rotations dans une chambre de combustion. Ce cycle comprend toutes les étapes d’un moteur 4 temps et permet théoriquement de supprimer les contraintes du fonctionnement d’un bloc normal, c’est-à-dire les vibrations, le bruit et l’inertie liées aux pièces mobiles. De plus, le moteur rotatif tolère des régimes élevés, il est moins coûteux à produire et il est très compact. Le problème est que ces avantages sont théoriques…

Problèmes inattendus

Depuis les années 50, NSU croit en la technologie du moteur rotatif et la marque finance d’ailleurs les travaux de Felix Wankel. Si la NSU Spider a été la première voiture équipée d’un tel bloc, elle est demeurée très confidentielle puisque seuls 2.375 exemplaires sont sortis des chaînes de production entre 1964 et 1967. La RO80 innove en embarquant sous son capot un moteur à double rotor mais ce n’est pas tout : la berline possède également 4 roues indépendantes, des freins à disques à l’avant et à l’arrière, la direction assistée, une boîte semi-automatique et elle est une traction. Sa singularité plaît à la presse automobile qui la couronne voiture de l’année 1967. Cependant, les problèmes mécaniques arrivent très rapidement et le caractère novateur de sa mécanique fait que peu d’ateliers ont réellement la capacité de l’entretenir correctement. Les propriétaires de RO80 se plaignent d’un manque de puissance, d’une grosse consommation d’huile et de carburant et d’une fiabilité aléatoire.

En toute discrétion

Malgré de nombreuses interventions sous garantie, les moteurs NSU ont tendance à casser à seulement 60.000 km. La crise pétrolière de 1973 n’arrange pas les choses, tout comme l’absorption du constructeur par Audi en 1969. Délaissée par le réseau Audi-NSU, la RO80 connait une carrière commerciale extrêmement discrète jusqu’en1977. En 10 ans, un peu plus de 37.000 exemplaires ont été produits. Le moteur Wankel a quant à lui continué sa carrière chez Mazda, avec un peu plus de succès. Abandonné en 2012 après l’arrêt de production de la RX-8, il est de retour depuis quelques mois sous le capot de la MX-30, en tant que générateur qui alimente un moteur électrique.

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