Les marques disparues – Venturi : espoirs déçus
Né de la rencontre d’un ingénieur et de designer, Venturi a produit durant une quelques années une Porsche à la française, une voiture performante destinée aux puristes. Si l’idée base était bonne, la réalité a montré que les efforts ne que trop rarement récompensés...
Durant le XXe siècle, plusieurs petits constructeurs français se sont se lancés sur le marché des véhicules de sport avec des véhicules plus ou moins aboutis. Cependant, tous ont en commun (sauf peut-être Alpine qui a fait son retour il y a quelques années) d’avoir connu la faillite après quelques années d’exercice seulement. C’est entre autre le cas de Venturi qui a cessé de produire des modèles de sport fin des années 90, pour être racheté et se concentrer ensuite, dans une seconde vie, sur les véhicules électriques et le développement de leur motorisation.Comment souvent dans l’automobile, cette société est née de la rencontre, en 1984, de deux passionnés, tous deux employés chez le carrossier Heuliez. Claude Poiraud, ingénieur de son état et Gérard Godfroy, designer, s’associent pour créer un coupé sportif portant le nom de« Ventury ». Tous deux ont un bagage technique conséquent car le premier a travaillé chez Chrysler et Alpine, tandis que le second a officié chez Peugeot. Un premier prototype est exposé au Salon de Paris en 1984 et ilr encontre beaucoup de succès. Un homme d’affaire français, Hervé Boulan, est fortement intéressé et souhaite s’associer au projet et force les deux concepteurs de la voiture à franciser son nom en « Venturi ».
V6 uniquement
Imaginée relativement simple à la base, la Venturi sera finalement assez luxueuse, comme une certaine Porsche 911 !Claude Poiraud s’entoure d’une équipe de techniciens extrêmement compétents dont Jean Rondeau, constructeur et vainqueur des 24H du Mans en 1980. Un prototype est développé en 1985 et la société MVS (pour Manufacture de Voitures de Sport)est créée. Alors que le moteur de la Venturi était un 4 cylindres de Peugeot 505 Turbo, les essais démontrent que la voiture est trop peu puissante. La firme opte alors pour le V6 PRV (Peugeot Renault Volvo) qui équipe la version de série. Cette même année, une usine est construite à Cholet et la MVS Venturi V6 est présentée au Salon de Paris. Les premiers véhicules sont livrés l’année suivante, assemblés au rythme de 15 unités par mois. Avec 200 ch sous le capot,la voiture fait forte impression et son intérieur luxueux séduit une clientèle plutôt fortunée. En 1988, la marque commence à exporter sa production et débute le développement d’une originale version cabriolet au très original toit rigide repliable en 3 parties baptisée Transcup.
Le début des ennuis
En 1989, le capital de Venturi est augmenté et le groupe Primwest, nouveau propriétaire de la moitié des parts du constructeur impose Xavier de la Chapelle, comme PDG. Ce dernier n’est pas un inconnu car il a lancé quelques années auparavant sa propre marque, spécialisée dans la fabrication de voitures au look inspiré par les anciennes Bugatti et laBMW 328. La nouvelle équipe dirigeante est très ambitieuse et Venturi déménage en 1991 pour s’installer à Couëron, près de Nantes, dans une usine qui doit également s’occuper de la production des de la Chapelle. Cette année-là, l’industrie automobile subit une crise de plein fouet et les ventes chutent dramatiquement.La production annuelle baisse de façon spectaculaire pour atteindre une trentaine d’unités par an : on est évidemment très loin des chiffres revendiqués par Porsche ! De plus, les dirigeants de l’entreprise ont les dents longues, beaucoup trop en fait, et achètent l’équipe de F1 Larousse en 1991, une dépense énorme et totalement inutile. En 1992, la famille Primat Schlumberger, actionnaire de l’entreprise, obtient la démission du PDG et l’arrêt de l’aventure en F1.
Cependant, la faillite est évitée de justesse par la création d’un championnat sur mesure réservé au Gentlemen Drivers, et à un modèle spécialement développé : la Venturi 400 Trophy. Cette opération séduit de nombreux clients fortunés et 73 voitures sont construites ! Le constructeur se sent alors pousser des ailes et plusieurs voitures sont engagées aux 24H du Mans 1993-1994-1995, ainsi qu’en championnat BPR (l’ancêtre du FIA GT) où il remporte plusieurs victoires avec notamment Henri Pescarolo. En 1994, une version de route de la 400 Trophy, la 400GT est commercialisée. Et comme une nouveauté ne vient jamais seule, Venturi lance également la 300 Atlantique, une version redessinée de sa voiture de sport disponible avec deux mécaniques au choix de 210 ou de 281 ch dans sa version turbo. Les chiffres de ventes ne sont toutefois pas énormes avec 41 exemplaires en 1995 et seulement 28 en 1996. Une nouvelle fois proche de la faillite,Venturi est racheté par l’homme d’affaires thaïlandais Serre Ravkit, qui augmente le capital de la société. Malgré ses efforts, Venturi est placé en liquidation judiciaire en 2000. Seules 550 Venturi ont été produites durant l’histoire de la marque.