Les marques disparues – Bristol, le luxe différent

Dans la galaxie des constructeurs automobiles britanniques, Bristol s’est illustré avec des produits très exclusifs, singuliers et inspirés par l’aéronautique.

Au début de la seconde guerre mondiale, la BAC (British Aeorplane Company) se porte bien en participant activement à l’effort de guerre. Cependant, ses dirigeants anticipent la fin du conflit et souhaitent diversifier leurs activités. Parmi celles-ci, la firme envisage la construction d’automobiles. C’est finalement en 1945 qu’est créée la société Bristol Cars. Pour mouvoir ses voitures la société, la société utilise des moteurs d’origine BMW distribués aux Royaume-Uni par Frazer-Nash. Ce n’est qu’en 1947 que le premier modèle est présenté au Salon de Genève : il s’agit de la Bristol 400, une voiture basée sur un châssis inspiré de la BMW 327, équipé d’un 6 cylindres de 2 litres.

Raffinement technologique

Très réussie, cette voiture trouve rapidement son public et 487 exemplaires sont produits jusqu’en 1950. La 401, puis la 402 la remplacent et se distinguent par leur ligne particulièrement profilée qui leur donnent un Cx de seulement 0.36, une prouesse à l’époque. Equipées d’une structure Superleggera en tubes, elles sont particulièrement raffinées technologiquement pour l’époque. Au fur et à mesure des années, elles évoluent techniquement, leur moteur BMW devient plus puissant et les vitesses maximales sont sans cesse améliorées. Lancée en 1953, la 404 marque la fin des calandres «BMW» tout en arborant un style assez disgracieux. Qu’importe, la clientèle de Bristol aime se démarquer au volant des voitures de la marque qui sont assez singulières. Ce n’est qu’en 1961 que la 406 termine sa carrière et marque la fin de l’utilisation du moteur BMW dont la conception initiale date d’avant-guerre !

V8 Chrysler

Sans changer de style, la 407 (lancée en 1961) inaugure une nouvelle ère, celle de l’utilisation par Bristol de moteurs V8 Chrysler. Ceux permettent à la petite marque de se mettre au niveau de la concurrence en termes de performances. Inspirées par l’aéronautique, les Bristol possèdent deux trappes dans les ailes avant qui permettent de loger la batterie d’un côté, et la roue de secours de l’autre, pour une meilleure répartition des masses. Avec la mécanique américaine, les Bristol adoptent enfin la boîte automatique, un équipement qui ouvre de nouvelles portes au constructeur. Au milieu des années 70, le look de la 411 devient franchement vieillot: c’est pourquoi la 412 se voulait totalement différente, avec une carrosserie de cabriolet targa très angulaire. Fabriquée par Zagato, la carrosserie était ensuite assemblée sur un châssis « Made in UK ».

Assoupissement

Même si les modèles se succèdent, il n’y a pas vraiment de nouveautés chez Bristol qui préfère commercialiser des évolutions de ses véhicules précédemment commercialisés. Alors que la marque a pris son indépendance de BAC à 1960, elle est acquise progressivement par Anthony Crook, qui en était distributeur. Celui-ci installe le showroom de Kensington à Londres, qui devient l’unique point de vente de Bristol qui traite directement avec ses clients. Ce système de vente très particulier et le charisme de Crook font que la firme se fait une clientèle fidèle, en recherche d’exclusivité et d’excentricité. La 603 marque un nouveau pas vers une singularité qui ne fait que restreindre le marché de Bristol. C’est sur ce modèle que seront basées les voitures de la marque jusque 2011. Dépassées technologiques, maladroitement restylées et technologiquement en raison de leur moteur V8 à la consommation déraisonnable (une option LPG sera même proposée), les voitures britanniques ont de moins en moins de clients. En 1997, Crook revend la moitié des parts de l’entreprise à un consortium dirigé par Toby Silverton.

Tristes années

Pour sauver le navire en train de couler, les deux hommes imaginent la Bristol Fighter, un coupé aux portes papillon motorisé par le V10 de la Dodge Viper. Ce n’est qu’en 2004 que ce véhicule est enfin produit, alors que Silverton a acquis le reste des parts de Crook. Première Bristol à avoir abandonné le châssis séparé, la Fighter bénéficie d’une carrosserie en carbone. Vendue au prix de 250.000 livres, elle fait fort impression et redore un peu l’image de la marque. Malheureusement, elle se vend mal et seuls 9 ou 16 exemplaires (les chiffres varient selon les sources) sont produits. En 2011, c’est la faillite pour Bristol. Heureusement, le groupe Kamkorp relance la firme avec de grands projets comme le lancement d’une berline hybride (cette voiture ne verra jamais le jour) et de la Bullet, une voiture au look résolument rétro. Assez réussie, cette dernière devait utiliser un moteur BMW et être produite à 70 exemplaires. Malgré quelques commandes, la firme manque cruellement de moyens et la production prend du retard. Finalement, la faillite de Bristol est prononcée en 2020. Aujourd’hui, le Bristol Owners Club se charge d’aider les propriétaires de voitures de la marque qui souhaitent continuer à rouler.

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