Le "black cab" : une histoire qui ne date pas d’hier !

Dans les rues de Londres, il est omniprésent : le taxi est indissociable de la ville et ce depuis de très nombreuses années. Nous vous emmenons explorer l’histoire de celui qu’on surnomme le « Black Cab ».

L’origine du "black cab", le taxi londonien, remonte au XVIIe siècle, lorsqu’un capitaine de la marine a organisé service de carrosses reliant Londres à Westminster. Même si cela paraît banal aujourd’hui, cette initiative rend les voyages plus commodes qu’en bateau ou qu’à pieds ! Très vite, ce moyen de transport remporte un franc succès et le roi Charles 1er attribue le monopole de ce service au Duc d’Hamilton qui mobilise 50 carrosses pour l’occasion. Au fil des années, ce véhicule évolue en fiacre. En 1822, un nouvel attelage révolutionnaire fait son apparition : le cabriolet, surnommé « cab ». Ne nécessitant qu’un seul cheval, celui-ci peut emmener deux personnes avec une certaine rapidité. De plus, son format contenu fait qu’il peut passer presque partout. Près des gares, on trouve également des fiacres à quatre roues, pratiques pour emmener des passagers et leurs bagages.

L’abandon du cheval

L’invention de l’automobile révolutionne le monde des taxis et il semblerait que le premier véhicule dispensé de cheval soit arrivé à Londres en 1897. Portant le nom de « Colibri », celui-ci était électrique. C’est en 1903 qu’arrive le Prunel, un taxi à moteur thermique de fabrication française. Trois ans plus tard, la General Motor Cab Campany s’équipe de 500 Renault rouges qui adoptent un équipement inédit jusque-là : le taximètre. Après la première guerre mondiale, la marque d'automobiles (essentiellement françaises) arrête de produire des taxis, jugeant le marché peu rentable. C’est alors que des firmes britanniques comme Beardmore ou Mann & Overton se lancent sur ce marché. La seconde décide de modifier des châssis Austin pour en faire des véhicules dédiés à cette fonction spécifique et de faire carrosser ces derniers chez Carbodies. C’est le début du « blackcab » moderne.

Pratique avant tout

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le noir n’était pas une couleur obligatoire pour les taxis londoniens. Il s’agit plus d’une mesure d’économie lors de leur construction. Le premier modèle le plus connu est le FX3, construit de 1948 à 1958. Equipé d’un moteur Austin de 2,2 litres, il se distingue par sa carrosserie 3 portes et par son espace dévolu aux bagages à côté du conducteur. La partie arrière, réservée aux usagers, est très spacieuse et peut emmener jusqu’à 5 passagers qui prennent place sur la banquette et les deux strapontins qui lui font face. Très populaire et pas que dans les rues de Londres, le FX3 est produit à 12.435 exemplaires.

L’icône

En 1958, le FX4 remplace le FX3. Par rapport à ce dernier, il se différencie avec sa quatrième porte qui fait que les bagages sont désormais protégés des éléments. Equipé de suspensions indépendantes et d’un double circuit de freinage, il remporte un succès incroyable et devient une icône du design « Made in Great Britain ». Sous son capot, on retrouve majoritairement un moteur diesel 2,2 litres Austin, mais un bloc essence de 2,2 litres également. Tous deux sont associé à une boite manuelle 4 rapports ou à une transmission automatique Borg-Warner. En 1971, il reçoit un nouveau diesel de 2,5 litres qui s’accommode mieux de la boite automatique. Au fil des années, le FX4 bénéficie de modifications suite aux retours d’expérience de la part des chauffeurs. En 1982, Carbodies produit désormais le taxi sous sa propre marque suite au désintérêt de la part de British Leyland pour ce véhicule atypique. C’est alors qu’arrive le FX4R (pour Rover) qui bénéficie d’un moteur de 2,3 litres, d’une direction assistée et d’un servofrein. Peu fiable, ce modèle est remplacé lorsque London Taxi International reprend la fabrication du taxi. Il reçoit alors un moteur de 2,5 litres et de nombreuses améliorations destinées à offrir plus de commodité pour le chauffeur et ses passagers. En 1989, le FX4 devient FX4 Fairway et s’offre un bloc 2.7 d’origine Nissan, également utilisé par le Terrano, qui lui permet d’être bien plus performant. Ce modèle adoré par les taximen est produit jusqu’en 1997 !

Modernité et héritage

Les TX1, puis TX2 ont du mal à faire oublier le FX4 Fairway, incroyablement robuste. Même l’obligation de la norme Euro 3 n’arrive pas à faire changer d’avais les propriétaires de taxis qui font modifier les mécaniques de leurs véhicules afin de pouvoir continuer à rouler. Finalement, les normes antipollution de plus en plus contraignantes poussent le FX4 hors des rues de Londres vers 2009-2010 et ouvrent la voie au TX4. Aujourd’hui, la London Taxi Corporation Limited (LTC) a fait place à la London Electric Vehicule Company Limited (LEVC), propriétaire du groupe chinois Geely. Depuis 2017, le taxi TX dont la forme s’inspire vaguement du TX4 bénéficie d’une motorisation hybride qui lui permet de rouler grâce à un groupe propulseur électrique. La batterie est chargée par un moteur thermique d’origine Volvo qui sert de prolongateur d’autonomie. Plus pratique que jamais, le TX est pensé jusque dans ses moindres détails pour accomplir sa fonction. Il faut aussi souligner qu’il offre une excellente accessibilité aux PMR, ce que le Fairway offrait déjà à la fin des années 80 ! Grâce à l’impulsion de Geely, LEVC est présent aujourd’hui sur de nombreux marchés dans le monde entier et le TX est également disponible avec le volant à gauche. Malgré ses nombreuses qualités, il a du mal à convaincre les chauffeurs de taxi en dehors de la Grande-Bretagne à cause de son prix élevé (aux environs de 80.000 €) et de sa conception spécifique qui lui empêche d’être revendu facilement en occasion.

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