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« Dis mon amour, on parie qu'une Ford ne battra jamais une Ferrari ! »

 

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Voilà probablement les mots à l'origine de la naissance d'une légende,... la Ford GT 40...

Cette phrase d'après la « légende », c'est Christina qui les aurait susurrée à son orgueilleux mari Henry...

Au début des années 1960, Henry Ford II, fils d'Edsel Ford et petit-fils d'Henry Ford I, nourrit le projet de racheter Ferrari mais son créateur Enzo Ferrari refuse l'offre et « HF2 » comme surnommé décide donc de fabriquer une voiture de course dans le but de concurrencer la marque Italienne.

Pour la petite histoire, Général Motor, Ford et Chrysler signent en 1957 un pacte dans lequel ils décident de ne plus participer à la compétition automobile suite aux récents drames des Mille Miglia et des 24h du Mans 1955. Mais en 1961, Ford rompt l'accord anti sport automobile dans le but d'améliorer son image marketing. En effet, depuis quelques années, le groupe a perdu la première place du marché américain, donc mondial. Il s'attaque alors aux 500 miles d'Indianapolis.   Ford GT40 II small

Et c'est à cette époque que l'homme d'affaire américain tente le rachat avorté de Ferrari.

Enzo Ferrari ne veut pas vendre, il a pour unique but d'obliger Fiat à augmenter son aide financière. Finalement, Enzo Ferrari vendra sa marque à Fiat en 1968.

Henry Ford, touché dans son orgueil, se sent la victime d'une manipulation entre Fiat et Ferrari et déclare la guerre à la Scuderia.

Déjà en 1962, « Hank the Deuce » (ndlr : Henry Ford II) met en place un budget quasi illimité pour battre les Ferrari au Mans. Il tente un premier essai avec la création de la Ford Cardinal, première traction de Ford mais ce véhicule ne sera jamais commercialisé car il est mal né.

Henry fait alors appel à Eric Broadley, designer anglais très en vogue, afin de dessiner le bolide qui battra la marque au cheval cabré sur son propre terrain, Le Mans.

Il s'entoure des meilleurs en engageant John Wyer, ex directeur sportif d'Aston Martin, Carroll Shelby, qui travaille sur les moteurs et Roy Lunn, concepteur du prototype Mustang I à moteur central.

La Ford GT 40 est donc créée à partir d'une petite berline, la Lola Mk6 GT équipée d'un moteur V8 Ford en position central, d'Eric Broadley.

C'est là que tout commence...

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En 1964, les premières Ford équipée d'un V8 4,7L débutent sur le circuit du Nurburgring mais aucune des GT40 ne finit la course par manque d'expérience.

L'année suivante n'est pas plus fructueuse pour Ford.

Suite à ces mauvais résultats, Caroll Shelby monte à la tête du team Ford en 1965 et prend les rênes en main d'abord en remplaçant le moteur V8 alu pour le moteur V8 4,7L, puis il met des jantes en alliage en lieu et place des jantes à rayon. Il modifie aussi la boite de vitesse.

Ces changements apporteront une victoire aux 2000 Km de Daytona mais par contre aucun des six bolides engagés au Mans ne passera la ligne d'arrivée... et c'est une fois de plus Ferrari qui remporte la mise pour la 6e année consécutive.

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Mais Henry le combattant n'en reste pas là. La Mk II vient sauver la mise en 1966 alors que du côté de Modène on rigole ouvertement de l'Américain.

1966, année de la consécration avec les victoires aux 12h de Sebring, aux 24h de Daytona et surtout dans la Sarthe aux 24h du Mans avec Bruce McLaren et Chris Amon.

Ferrari est enfin détrônée.

L'histoire ne s'arrêtera pas là, ce serait trop facile. Ils en veulent toujours plus.

1967, victoire de Jacky Ickx aux 1000 Km de Spa avec la Ford Mirage, il partira en tête et ne la quittera pas jusqu'à l'arrivée, laissant derrière lui Willy Mairesse et sa Ferrari.

Deuxième victoire la même année au Mans avec Dan Gurney et Anthony Joseph Foyt au volant de la GT à une moyenne de 218 Km/h.

En 1968, 3 voitures seront engagées au Mans aux couleurs bien connue du pétrolier Gulf.

Un seul des 3 bolides terminera la course mais pas à n'importe quelle position, Pedro Rodriguez et le Belge Lucien Bianchi montent sur la plus haute marche du podium.

Et de 3 pour Ford !

En mai 1969, Ford arrête la production de la GT 40. Une centaine de Ford GT 40 sont sorties de l'usine dont une trentaine de route.

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A propos de la GT 40, vous vous demandez peut-être depuis le début pourquoi la Ford porte t'elle le chiffre 40 dans son appellation ?

Tout amateur de belle mécanique a dû un jour se poser la question et beaucoup d'entre vous le savent. En réalité, c'est très simple, le chiffre 40 vient tout simplement du fait que la voiture mesure 40 pouces de hauteur soit 101,6 cm. (NDLR : 1 pouce vaut 2,54 cm).

3 victoires c'est bien, 4 c'est mieux !

L'année suivante, John Wyer engage 2 Ford GT40 toujours aux couleurs Gulf dont la fameuse n°6 pilotée par Jackie Oliver et Jacky Ickx...

« '69, année érotique » comme le dit si bien Serge Gainsbourg dans sa chanson mais aussi année du renouveau pour le départ des 24h du Mans...

Un petit bout d'histoire :

«  Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »

Cette phrase de Jean de La Fontaine n'aura jamais été aussi représentative que lors du départ de ces fameuses 24h du Mans le 15 juin 1969.

En effet, Jackie Oliver et Jacky Ickx pilotent la Ford GT 40 lors de cette épreuve.

Ils n'obtiennent que le 13e temps et sont loin d'être les favoris face aux Porsche 917.

Le jeune pilote Belge, Jacky Ickx, est très soucieux cette année là par la sécurité en course automobile depuis l'accident de son compatriote Willy Mairesse. Pour rappel, Mairesse fut victime d'un important accident dans les Hunaudières au premier tour des 24h du Mans 1968 alors qu'il n'avait pas bouclé sa ceinture.

Jacky trouve que traverser la piste en courant puis s'élancer le plus rapidement possible sans prendre le temps de s'harnacher correctement est une prise de risque totalement inutile.

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Lors du départ des 24h 1969, il se dresse donc contre l'ACO (Automobile Club de l'Ouest) en traversant la piste tranquillement et en prenant le temps d'attacher sa ceinture dans le but de protester contre les départs « type le Mans ».

Pas soutenu pour un sou par les autres pilotes, Jacky Ickx démarre bon dernier...

La suite, vous la connaissez. Les Porsche dominent l'épreuve pendant que la Ford fait son petit bonhomme de chemin et remonte lentement mais sûrement le peloton pour s'emparer de la 3e place à la mi-course. A 3 heures de l'arrivée, la belle américaine pointe en 2e position et on peut vivre une course dans la course lors du dernier relais. Hans Herrmann sur la Porsche et Jacky Ickx échangeront pas moins de 8 fois leurs positions et ne seront jamais séparés de plus de 2,5 secondes. Dans le dernier tour, le tacticien Belge laisse passer la Porsche à l'entrée de la célèbre ligne droite des Hunaudières et se met dans l'aspiration de Herrmann pour le passer au freinage de Mulsanne et finalement franchir la ligne d'arrivée avec quelques 120 mètres d'avance sur la Porsche ! Pari réussi pour Jacky Ickx... et la sécurité des pilotes. En 1970, le départ sera toujours donné en épi mais les pilotes seront déjà à bord de leur voiture.

Ce fut là la quatrième et dernière victoire de Ford aux 24h du Mans.

Henry Ford II avait réussi son pari de faire gagner une Ford sur le terrain de Ferrari, non pas une fois mais quatre années consécutives.

De cette histoire, on peut retenir que l'amour, l'orgueil et la passion auront été les ingrédients principaux du cocktail de la naissance d'un mythe : la Ford GT 40.

Auteur: Valérie Simons

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