37ième Rencontre Internationale Amilcar & Cyclecars en Belgique

Lors d’une participation à un rassemblement du Royal Veteran Car Club Belgium en juillet 2018, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec l’un des participants qui m’a glissé à l’oreille qu’il serait en charge de l’organisation d’une manifestation importante en 2019.

Après une prise de contact ultérieure, il me donna plus de détails sur cette organisation que je viens de vivre partiellement, la 37ième Rencontre Internationale Amilcar& Cyclecars en Belgique. Cette rencontre se déroule tous les deux ans au niveau international.

Celle-ci s’est passée dans la région de Waterloo – La Hulpe pendant une longue fin de semaine du 20 au 23 juin 2019.

Le programme de ces quelques jours fut bien chargé par les balades dans le Brabant Wallon et le Namurois ainsi que par la fête des retrouvailles et les histoires sans fin des souvenirs communs à différents rassemblements.

L’organisateur a réalisé un travail de titan afin que les 65 équipages, de nationalités diverses, puissant non seulement se reposer et se sustenter convenablement mais aussi garer en toute sécurité les remorques, les véhicules tracteurs et évidemment ces petites merveilles d’automobiles d’une autre époque. Il est amusant de noter que la délégation Française était venue en nombre, suivie de près par l’Allemagne, la Suisse et l’Angleterre mais aussi un représentant de Jersey, de la Chine et d’Australie. Les Belges étaient au nombre de six equipages.

Le site choisi pour ce rassemblement international n’est pas dépourvu de charme car il s’agit, si ma mémoire est bonne, de l’ancien site de ressourcement pour le personnel de la société d’ordinateur IBM. Aujourd’hui, cet endroit est un luxueux hôtel avec toutes les facilités pour se détendre et pour certains, travailler.

N’étant pas encore très familier avec la marque automobile Amilcar, je me suis documenté sur le sujet ainsi que sur l’existence du « Cercle Pégase Amilcar » (www.amilcar.net). Le choix du nom Pégase est en rapport avec le modèle de limousine de 11 cv (fiscaux) produite à partir de 1934 et qui devait sauver la société de la faillite. Sans succès, car la société Amilcar, du nom des deux fondateurs Messieurs Emile Aka et Joseph Lamy, fut rachetée en 1937 par Hotchkiss. La marque ainsi que la production, qui était localisée dans la banlieue parisienne, ne survivra pas à la seconde guerre mondiale et ce sera donc une existence, trop courte en regard de la qualité des véhicules construits, de 1921 à 1939.

M’étant rendu ce jeudi 20 juin sur le site du rassemblement pour participer à l’arrivée des équipages, les premiers à se présenter en début d’après-midi furent les deux participants Anglais. Ceux-ci eurent rapidement la joie de retrouver une délégation Allemande suivie de très près par les participants de France et de Suisse. Ce fut un instant une véritable tour de Babel qui s’est peu à peu transformée en un Français très marqué par les accents, trahissant les origines des participants.

L’ambiance sur le parking devint très exaltée et les conversations fusaient de toutes parts, traduisant la joie de se revoir. Etant étranger à ce cercle d’amis, il ne me fallut pas longtemps pour que je me sente à l’aise parmi eux et que l’on m’explique les spécifications des modèles Amilcar CGSS, C4, CC,C6, CS et autres Bugatti, Salmson, Riley, Maserati, BNC, AC, Alvis, Rally, MG. Pour la petite histoire, l’acronyme BNC signifie Bollack-Netter-Cie. qui fut un fabricant Français d’automobiles de 1923 à1931. Les carrosseries étaient de la lignée des Amilcar et Bugatti présentes à cette rencontre.

Une Bugatti Type 35B Grand Prix de 1929 posait quelques problèmes à son propriétaire; elle fonctionnait seulement sur six cylindres alors qu’elle en possède huit en ligne pour une cylindrée de 2,0 litres aidée par un compresseur et délivrant 135 cv. Après le remplacement des bougies défectueuses, l’ajout dans le réservoir d’essence de l’indispensable additif, le plomb dans l’essence n’existant plus, protecteur des guides de soupapes, du plein d’huile dans la nourrice assurant la lubrification du compresseur, par une pompe actionnée à partir du tableau de bord, le moteur se mit à pétarader de plus belle.

Il y avait un choix important de remorques aux technologies éprouvées mais dont pour certaines, le câble du frein de stationnement posait un souci en se bloquant de temps en temps ou pour une autre dont le décrochage de la voiture tractrice était récalcitrant et qui permit à son propriétaire de mettre son pantalon à la mode d’aujourd’hui, c’est-à-dire au genou déchiré.

Un autre participant enthousiaste de garer en marche arrière son véhicule au plus près de la haie, il en résultat un petit coup dans la poupe, de sa forme proche de celle d’un bateau. Le piège était qu’à l’intérieur de la haie il y avait une structure métallique.

Pour revenir sur le concept de « cyclecars », à l’époque ou ses véhicules furent produits, l’automobile était un objet de luxe et souvent rarement accessible au commun des mortels. Afin de permettre une mobilité, déjà un sujet d’actualité et malheureusement toujours actuel, des véhicules au gabarit réduit, dotés de trois ou quatre roues et de deux places au maximum incluant le conducteur. La cylindrée était limitée à 1100 cc. et le poids à vide inférieur à 350 kg.

Pour mémoire, le gouvernement Japonais en 1949 instaura aussi la catégorie des « keijidosha car »pour des raisons, dans ce cas, principalement fiscale et aussi de la disponibilité réduite d’espace pour garer son véhicule en milieu urbain. Actuellement, il est interdit d’acheter un véhicule de dimensions normales si vous ne possédez pas un espace de stationnement.

Les « Kei » véhicules faisant partie de cette catégorie ont des dimensions réduites telles qu’une longueur maximale de 2,90 m., une largeur de 1,00 m. et une hauteur de 2,00 m., une puissance limitée à 63cv. et une cylindrée maximale de 660 cc. Je pense notamment aux quelques Honda N600 et même N360, de la Suzuki Alto, Jimny et Wagon-R.

Le samedi 22, j’ai à nouveau rejoint les participants de retour d’une balade dans le Brabant Wallon pour constater que les visages exprimaient la joie, les effets du soleil et pour certains la fatigue.

En m’entretenant avec les chauffeurs et passagers, une remarque revint fréquemment sur la mauvaise qualité des routes de notre pauvre Belgique. L’état de celles-ci est tellement lamentable, que le groupe automobile Mitsubishi a édité un livre de photos montrant ce qui ne devrait pas exister, ne serait-ce que par respect pour les automobilistes qui paient pour ce désastre. Ce livre est disponible chez les concessionnaires de la marque.

D’autres véhicules d’époques diverses se sont retrouvés sur le parking pour accueillir les équipages, les sujets de conversations ne manquaient pas et ne tournaient pas toujours autour de l’histoire des automobiles faisant parties de ce rassemblement. Il y avait comme une petite animosité entre les performances de certaines Amilcar comparées à certaines Bugatti.

Un représentantde la Suisse, par ailleurs très sympathique, m’expliqua l’état d’esprit du confédéralisme et des divergences de point de vue au sein des différents cantons. La Belgique n’a pas l’exclusivité du surréalisme dans le secteur de la politique.

Après cet intermède intéressant, nous nous sommes retrouvés quelques-uns à parler des performances de l’Amilcar 6C. Son moteur est un six cylindres en ligne dotés d’un double arbre à cames en tête, d’une cylindrée de 1094 cc³ développant 62 ch. Pour un poids de 550 kg, elle atteint 165 km/h. en consommant une moyenne de 16 litres aux 100 km. Les freins sont à tambours sur les deux essieux. Elle fut produite de 1926 à 1930 à +/- 55 exemplaires. Quatre de ces modèles étaient présents au rassemblement.

Une anecdote malheureuse concernant la marque Amilcar, la danseuse Isadora Duncan fut tuée en 1927 en étant passagère du modèle CGSS. Son foulard noué autour de son cou et flottant au vent, s’est enroulé autour de la roue arrière lui brisant la nuque.

Sur base de la liste des modèles présents au rassemblement, nous pouvons parler des Amilcar CS, B38 cabriolet, C3, C4, C6, CC, CGS, CGSS, CV et M2. La période couverte est de 1922 pour la CC à la B38 cabriolet de 1938.

S’ajoutent un lot de Bugatti 23, 35, 35A, 35B, 37, 37A, 38, 39GP et T23 pour une période de 1924 pour la 23 à 1929 pour la 35B.

Et parmi les autres voitures, une AC Sport de 1933, une Alvis Fivefly de 1932, une BNC 527 de 1927 et une Montlhéry de 1927, une Maserati 26M de 1928, une Rally ABC de 1928 et NCP de 1932, une MG TA de 1938 et TB de 1939 ainsi que TC de 1948, une Riley Redwing de 1930 et une 12/4 de 1937 et une Sprite de 1937 et TT de 1938, une Salmson VAL3 de 1925 et GSS de 1926.

Que de belles amitiés autour de ces merveilleuses voitures et j’ai eu le sentiment en les quittant, qu’ils parlaient déjà de la prochaine manifestation.

Un grand bravo à l’organisateur, qui non seulement à proposé un superbe programme mais a aussi rassemblé dans les meilleures conditions, des passionnés qui ne manquaient pas d’éloges au sujet de la douceur de vivre en Belgique.

A bientôt pour d’autres découvertes.

DYG

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