Dans le cimetière très fourni des marques britanniques, Reliant occupe une place à part entière avec ses voitures en fibre de verre qui permis de motoriser un pays qui connaissait une grave crise économique.
L’histoire de Reliant Motor Company remonte à sa création en 1935. À l’époque, Tom Lawrence Williams et ES Thompson, construisent un prototype de voiture dans un jardin à Kettelebrook, au Royaume-Uni. Les deux hommes ont tous deux travaillé auparavant pour Raleigh et ont développé la Raleigh Safety Seven. Désireux de créer son propre véhicule à 3 roues, Williams a quitté peu de temps auparavant la marque pour faire cavalier seul. C’est le 1er janvier 1935 qu’il achève son premier véhicule appelé « The Reliant ». Il s’agit d’un utilitaire à 3 roues propulsé par un moteur de moto JAP monocylindre de 600 cm3. En réalité, cet engin étrange s’apparente plus à une moto qui a fusionné avec l’arrière d’une voiture. Très rapidement, un autre modèle reçoit un moteur JAP bicylindre plus puissant. Cependant, le vrai départ de la firme débute en 1937 quand Reliant fait l’acquisition de la licence moteur Austin 7 qui est utilisé en 1938 et 1939 sur ses véhicules. Lorsque Austin cesse la fabrication des moteurs, Reliant met au point son propre moteur à soupapes latérales de 747 cc dont la technique est très proche de celle de la petite Austin.
Temps difficiles
Reliant cesse de produire des véhicules au début de 1940 et se lance alors dans l’effort de guerre, plus précisément dans l'usinage de pièces pour les différents ministères. Ce n’est qu’en 1946 que Reliant se focalise à nouveau dans la fabrication de véhicules. En 1950, le constructeur revient sur le devant de la scène avec un nouvel utilitaire appelé Regent. L’année suivante, Williams commence à réfléchir à l’élaboration d’une voiture de tourisme pouvant accueillir quatre personnes : c’est la Regal Mk 1. Cette voiture a la particularité d’avoir une carrosserie en aluminium fixé à un châssis en frêne. Au cours des années suivantes, la Reliant Regal Mk 2 en 1955 utilise un nouveau matériau dans sa fabrication: la fibre de verre. Celui-ci a l’avantage de pouvoir être travaillé facilement, d’être léger et de ne pas coûter cher. En 1956, la Regal Mk 3 était la première Reliant donc la carrosserie est entièrement en fibre de verre, une caractéristique typique des toutes les voitures de la marque qui seront produites par après. Le Regal évolue sans cesse par la suite et conserve l’antique moteur à soupapes latérales jusqu’au début des années 60.
Usages spécifiques
En même temps, Reliant a créé une nouvelle fourgonnette à quatre roues : la Regent Four. Celle-ci est destinée au marché israélien, sous la forme de kits qui sont envoyés à Autocars en Israël au moyen d’éléments produits localement. Pour l’anecdote, cette collaboration mène les deux sociétés à créer une jolie voiture de sport en 1961 appelée Sabra. Celle-ci est vendue sur le marché européen sous le nom Sabre. L’année suivante, Reliant innove avec la Regal 3/25 qui abandonne le châssis en bois pour une structure en fibre de verre renforcée. Le polyester est moulé en deux unités principales (extérieure et intérieure) qui sont collées ensemble et boulonnées à un châssis en acier. Reliant enfonce le clou avec un nouveau moteur à soupapes entête de 600 cc, le premier bloc en alliage léger produit en Grande-Bretagne.
Succès au RDV
Étonnamment, bien qu’extrêmement particulières, les Reliants ont du succès à l’export. Vendue à l’étranger comme véhicule utilitaire, la Regal est secondée en 1967 par la TW9, de plus grande capacité. En 1969, un moteur 700 cm3 est lancé. La cinquante millième Regal 3/25 est livrée, prouvant le succès de la firme. Cette année-là, Reliant devient propriétaire de Bond Cars et s’adresse à Ogle pour produire un véhicule 3-roues attractif pour les jeunes. C’est comme cela que naît la Bond Bug, une des voitures britanniques les plus iconiques des années 70, qui fait une belle carrière de 1970 à 1974.
Pourquoi 3 roues ?
Au Royaume-Uni, les véhicules à 3 roues ont été légion jusque dans les années 90. La raison de succès a une explication toute simple : s’ils pesaient moins de 450 kg, ceux-ci étaient homologués sous la législation B1 qui exemptait leur conducteur de permis de conduire ! De plus, ils étaient légers, ce qui compensaient la faible puissance de leur moteur, et très bon marché au demeurant. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils connaissent le succès. Vers les années 90, les « 3-wheelers » ont commencé à perdre du terrain face au voitures conventionnelles, plus rapides, bien plus sûres et tellement plus attirantes !