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Pour ceux qui l’ignorent, nous venons de perdre notre plus éminent représentant belge: Roland D’Ieteren vient de succomber à un accès particulièrement grave de la Covid 19.


Roland était un des piliers de l’automobile ancienne. Il l’aimait passionnément et, par crainte de voir disparaître ce patrimoine si précieux, il n’hésitait pas à traverser la terre entière pour tenter de découvrir de nouveaux trésors, qu’il s’attachait ensuite à restaurer avec un soin particulier. Il avait investi dans la célèbre et historique carrosserie italienne Touring Superleggera. En plus d’y soigner les anciennes, il fourmillait de projets de reconstruction, voire de nouveaux modèles inspirés de ce qu’avaient réalisé les plus grands designers de l’histoire de l’automobile.


© d'Ieteren Gallery 

C’est à lui aussi que l’on doit la splendide galerie qui porte son nom, rue du Mail à Ixelles (Bruxelles, Belgique). Cet endroit magique recèle des trésors uniques au Monde. La passion de la voiture y est magnifiée !

Autoworld, le musée de l’automobile de Bruxelles de renom international lui doit aussi énormément. Sans cet homme né au milieu des moteurs, l’endroit n’aurait sans doute pas retrouvé son lustre d’antan : celui du salon de l’auto des années folles !
Roland était pour tous les collectionneurs, le conservateur ultime de leurs passions. Celui qui paraissait immortel, et qui serait toujours là pour que leur patrimoine soit protégé contre toutes les agressions dont il pourrait faire l’objet, d’où qu’elles viennent.

Car depuis quelques années, une autophobie galopante se développant, de nombreuses contraintes enferment de plus en plus les oldtimers dans un carcan qui semble se resserrer inexorablement au fil du temps.
Désormais, en effet, l’Europe a décidé d’investir des milliards d’euros pour tenter d’atteindre la neutralité carbone en 2050, même si tout le Monde sait pertinemment que sans CO2 il n’y a tout simplement pas de vie possible sur terre, et que même si on ne veut pas croire à cette affirmation, l’influence des gaz d’échappements des automobiles sur sa production est réellement minime, voire insignifiante !

Et la conséquence a de graves conséquences pour nous, les amoureux de l’automobile : elle est devenue « objectium non grata », un objet non souhaité. Les autorités cherchent par tous les moyens à la faire disparaître, ou du moins d’en réduire drastiquement leur nombre.
Dès lors, nos ancêtres dérangent, et sans un combat permanent mené entre autres par la BEHVA (ex-FBVA) pour obtenir leur survie administrative, ils auraient déjà depuis longtemps été confinés à jamais dans leurs garages, ou envoyés à la casse.

Les dégâts collatéraux de cette politique se traduisent par une chute marquée du marché de la voiture ancienne, à l’exception peut-être des modèles les plus prestigieux. En effet, sans doute effrayés par le climat général et l’incertitude du lendemain, les collectionneurs seraient actuellement plus à la vente qu’à l’achat.

Quelques éléments qui expliquent cette situation ?
Autrefois immatriculables en plaque « O » et autorisés dans les centres villes à partir de 25 ans d’âge, les youngtimers trouvent aujourd’hui aussi moins d’acheteurs. Car l’âge limite pour avoir accès aux zones de basses émissions a été fixé récemment à plus de 30 ans, avec des amendes salées à la clé en cas de non-respect de la législation. Idem pour les contraintes de contrôle techniques : tous les deux ans avant 50 ans d’âge, et cinq ans pour les autres, même si le CT est loin d’être inutile.
Toutes ces contraintes sont peu favorables au développement de la nébuleuse du véhicule ancien, ainsi que de celui des artisans très spécialisés qui représentent encore actuellement une importante corporation.

Souhaitons que la communauté des amateurs de belles automobiles anciennes, grâce à une ferveur et à une passion fortes, puisse continuer à protéger et à faire vivre ce magnifique patrimoine, témoin d’une époque si riche en émotions procurées par ces sublimes mécaniques !

Texte: Lucien Beckers

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