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Mercredi, 14 octobre 2015

Etape de 330,41 km, en 7h30

Ce matin, le briefing fut différent… plus strict. Il fallait que ça change… Les timings imposés pour rejoindre les étapes et contrôles de parcours étaient décidément trop rapides. On dénombre quand même deux accidents dont on ne vous racontera pas les détails mais qui donnent quand même le ton.

L’organisateur décide de rajouter 10 minutes aux étapes intermédiaires, ramenant la vitesse moyenne à 42km/h à maintenir sur 330 km environ. Fallait-il le souligner, sans sourire, l’organisateur a haussé le ton, insistant sur le fait qu’en Chine, on ne rigole pas avec les infractions. Et dieu sait s’il fallait en faire pour arriver à temps pour la plupart des équipages, devant braver les routes où les conducteurs locaux sont suicidaires.


Le challenge est de mise pour l’équipage ClassicCarPassion.com, qui se voit décrocher la première place au classement général des 50 voitures. Avec humilité nous rejoignons notre petite BMW 2002 jaune qui a subi hier un resserrement du pot d’échappement qui nous avait fort inquiété la veille. Rien n’est joué. Une panne, une erreur et c’est fini. De précieuses minutes de pénalités peuvent nous relayer à la dernière place en un rien de temps.

Nous installons nos divers équipements qui nous permettent de ne pas trop nous tromper au moins sur les distances et nous voilà partis.

Cette journée est une journée de contraste. La Chine, ce n’est pas la Suisse. Le rallye ne ressemble pas à une balade ordinaire dans de beaux paysages. Le choc culturel est omniprésent, on ne nous cache rien. C’est brut, c’est dur, c’est là, c’est la Chine.

Les routes sont parfaites par contre, on pourrait y tirer un traineau derrière nous, il arriverait entier. Ou presque.

Dans mon domaine d’activité qui m’occupe chaque jour, la finance, on nous parle de la Chine, de sa croissance,  on nous parle en texte de l’urbanisation, en chiffre, on nous parle de l’immobilier, encore de l’immobilier et de la pollution.

Ici, en vrai, nous l’avons vu. Que retenir? Sur 330 km, nous avons vu du charbon, encore du charbon et des villages de charbon et des camions de charbon. Le paysage plat comme brouillé par un “fog” poussiéreux, atténuant malheureusement le magnifique ciel bleu, sans nuages qui aurait du nous faire bronzer, en tous cas une moitié de nous, le bras accoudé à la portière !

La pollution est sonore également… enfin, pour être précis, les camions, les centaines de camions klaxonnant à tout vent pour prévenir un piéton ou motocycliste suicidaire qui souhaiterait croiser leur allure démente. Nous avons perdu la moitié d’une oreille 10 fois en conduisant.

L’allure est bonne, nous avançons avec assurance vers le prochain check point où nous attend… notre barrista préféré. C’est le cappuccino le plus attendu d’une vie, après 200km sans perdre l’attention sur la route ou sur un roadbook admirablement bien réalisé. Il prend plaisir à réaliser un petit coeur ou une petite fleur pour chacun. Je me fais accoster par une jeune fille locale pour me demander de me faire prendre en photo par sa famille avec elle et le café qu'elle me demande de pouvoir tenir en main. Je finis par lui donner, elle n’a pas l’air d’avoir déjà goûté un tel breuvage. C’est un plaisir du coeur de les voir tous, heureux de nous voir arriver dans nos bolides d’un autre temps. Partout, les foules s’agitent pour venir nous regarder. Avec humilité, nous comprenons qu’un monde nous sépare.

Nous traversons cette fois une nouvelle ville, où les toits des bâtiments nous rappellent les pagodes. Voilà un exercice de style magnifique. Apprécié.

La construction est omniprésente. On ne nous avait pas menti. Au milieu de nulle part des énormes tours pointent leur nez au ciel, elles sont presques jolies. Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous poser la question… qui va habiter là dedans ? qui va le payer ? comment ? quelle profession ces gens vont ils exercer… car hormis les industries lourdes que nous croisons qui soulèvent poussières et dégagent pollution que faire ?

L’agriculture semble tristounette, les champs ont l’air plutôt arides et le maïs est ce que nous voyons partout.

Nous sommes rattrapés par la Ford A de 1934 d'un équipage Suisse. Diable qu'elle va vite cette voiture ! Cette fois, les 10 minutes supplémentaires nous permettent de réaliser quelques clichés cocaces dans un décor de Hitchock. Nous croisons souvent la route d'autres équipages qui apprécient aussi la compétition, une Porsche 356 SC de 1963 des Philippines, ainsi qu'un équipage en Corvette Stingray de Hong Kong, piloté par un...vrai pilote de profession !

En discutant avec quelques participants de la région asiatique, nous réalisons que nous sommes complétement ignorants de la chance que nous avons de vivre cette expérience. Pour des européens, il est aisé d'imaginer qu'on puisse juste louer une voiture et découvrir ce que nous vous relatons. Non. Il n'en est rien. Il est impossible de circuler librement comme nous le faisons ici. Anecdote, la Jaguar type E qui nous accompagne, est la première jaguar type E mettant les roues sur le continent ! Il est donc facile d'imaginer la raison pour laquelle nous sommes regardés comme des animaux rares...

Les routes que nous relatons telles que des autoroutes...sont ...des routes secondaires ! nous n'avons jamais pris l'autoroute et le réseau secondaire est déjà immense.

Nous arrivons finalement à l’hotel Wyndham grand luxe de Xuzhou à 16H31 et 41 secondes (si, si...), accueilli par un staff comme toujours souriant qui nous propose de laver les voitures empoussiérées ce soir, en apposant l’affichette “OK” sur la vitre arrière….quel service.

Nous terminons la journée assez fiers de notre parcours, car sur 3 check de time, nous arrivons dans la seconde dans deux et avec 4 secondes de retard sur le premier…croisons les doigts…

Ce soir nous sommes déjà forts impatients de découvrir le dîner organisé dans un établissement à l’extérieur… On mangerait pas chinois?

© Texte Frederic G / Photos Denis de Wagheneire et Frederic G quand il était co-pilote :-)

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