Aussi britannique qu'un canapé chesterfield ou qu'une tasse de thé, le Morgan 4/4 est certainement un des modèles qui a connu la carrière la plus longue dans l'histoire de l'automobile.
Depuis 1936, Morgan construit ses voitures selon le même rite immuable : sur un châssis en acier repose une structure en frêne sur laquelle est fixée une carrosserie. Ce procédé de fabrication archaïque fait du constructeur une curiosité dans le monde automobile actuel. Extrêmement traditionaliste, la firme appartient toujours à la même famille depuis ses débuts et sa singularité fait que sa clientèle est particulièrement acquise à sa cause. Il faut avouer qu’il faut être vraiment passionné pour patienter pendant presque un an pour recevoir sa nouvelle voiture ! Construites à l’unité dans une usine où le temps semble s’être arrêté il y a longtemps, les Morgan sont totalement personnalisables selon les désirs du client. Véhicule-plaisir par excellence, elles sont une sorte de madeleine de Proust pour les amateurs du monde entier car elles évoquent l’automobile des années 40-50 tout en étant mécaniquement adaptées à l’époque contemporaine.
Best-seller
Depuis ses débuts, Morgan n’a commercialisé que très peu de modèles différents et parmi ceux-ci, le plus connu est certainement la 4/4. Son nom désigne en fait la première à 4 roues de la marque, disposant d’un moteur 4 cylindres. Lancée en 1936 sous la forme d’un roadster 2 ou 4 places, elle représente alors l’avenir de la marque qui ne produisait jusque alors que des voitures à 3 roues. Cependant, la Morgan 4/4 connue du grand public est lancée en 1955. Bien qu’assez similaire à la première version, il s’agit d’une nouvelle voiture qui utilise le châssis de la Plus 4. Disposant de suspensions indépendantes à l’avant et d’un essieu rigide à l’arrière, elle dispose de freins à disques à l’avant. Sous son capot, on retrouve un moteur Ford développant 36 ou 40 ch. Au fil des années qui suivent, la 4/4 reçoit des modifications comme un châssis plus long et des moteurs d’origine Ford dont la puissance est en augmentation. En 1968, elle est déclinée en version 2 ou 4 places et reçoit un bloc 1.600 Kent qui, suivant les versions, produit de 70 à 95,5 ch. Production semi-artisanale oblige, d’autres mécaniques font leur apparition dont un double-arbre Fiat de 98 ch entre 1981 et 1985, ou le moteur 1,6 de la Ford Sierra qui amène avec lui la boîte à 5 rapports en 1984. L’injection fait quant à elle son apparition en 1991. La 4/4 monte en cylindrée avec le 1.8 Ford Zetec de 115 ch dès 1993. Suivant les évolutions techniques du constructeur à l’ovale bleu, Morgan équipe sa voiture du Duratec de 125 ch à partir de 2006. Enfin, le Sigma 1.6 fait son apparition 3 ans plus tard : fort de 110 ch, il emmène le roadster à 185 km/h en pointe et il est associé à une boîte 5 rapports. A partir de 2012, il est associé à une transmission d’origine Mazda jusqu’en 2018 et à l’arrêt du modèle pour des raisons de normes antipollution devenant de plus en plus strictes. Aujourd’hui, seules la Plus Four et la Plus Six demeurent au catalogue.
Classique des classiques
Trouver une 4/4 n’est pas compliqué car la majorité des voitures produites existent toujours, étant donné qu’elles ont toujours servi de 2e ou de 3e véhicule et qu’elles n’ont pas connu une existence mouvementée. Rançon d’une construction semi-artisanale, elles sont assemblées avec des éléments d’origine diverses et la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Si les blocs Ford se montrent très costauds, on ne peut pas en dire autant de l’accastillage ou du châssis qui est sensible à la rouille. Lors de l’achat, il faut bien surveiller l’état des parties en frêne, sous peine de devoir jouer les menuisiers pour remplacer les parties pourries. Pour le reste, il s’agit d’une voiture britannique dont les pièces sont majoritairement refabriquées. Très prisées par les passionnés de conduite au grand air, les Morgan bénéficient d’une cote soutenue qui débute à 30.000 € pour un modèle du début des années 80 en bon état. Les plus récentes sont plus recherchées en raison de leur modernité technique qui les rendent plus aptes à de longs voyages .
