Monica V8, la berline française qui rêvait de grandeur

Quand un fabricant de wagons-citernes sans aucune expérience dans l’automobile se lance dans la fabrication d’une voiture de grand luxe, les risques de réussite sont plutôt minces. Dans le cas de Jean Tastevin et de sa Monica, il n’y a malheureusement pas eu de miracle.

Au départ de l’histoire de la Monica, il y a Jean Tastevin, un ingénieur français qui dirige la Compagnie française de produits métallurgiques, une société qui fabrique des wagons-citernes. Nous sommes dans l’après-guerre, période où les fortunes se font facilement et celui-ci est un grand amateur de voitures de caractère comme les Aston Martin, les Facel Vega ou les Jaguar. Souhaitant diversifier les activités de sa société, il décide en 1967 de fabriquer une voiture de grand luxe dans son usine de Balbigny. C’est son assistant Henri Szykowksiqui devient chef de projet alors que l’ancien pilote Chris Lawrence est mandaté pour le développement de la voiture qui est baptisée Monica en hommage à Monique Tastevin, l’épouse du « patron ». Au final, la française est une berline de sport à quatre portes et quatre places, tout en aluminium, avec des suspensions en porte-à-faux. Le premier prototype ne séduit pas Tastevin qui fait modifier le design. C’est finalement le troisième véhicule, réalisé par Vignale, qui est le premier à plaire à l’industriel français. La version de série sera enfin validée après le 5e proto.

Un goût d’Amérique

La berline dispose au départ d’un V8 de3,5 litres conçue par l’ingénieur britannique Ted Martin. Fort de 240 ch à 6.000 tr/min, ce bloc est associé à une boîte ZF à 5 rapports. Développé à la base pour briller en compétition, le V8 montre de gros soucis de fiabilité et Tastevin n’a pas les moyens de l’améliorer. À l’instar de nombreux petits constructeurs de l’époque, il décide alors de se procurer une mécanique américaine. C’est finalement Chrysler qui est choisi pour fournir un énorme bloc de 5,6 litres. Développant 285 ch, il permet à la Monica d’atteindre 240km/h en pointe. C’est au Salon de Genève 1973 que la Monica 590 est présentée officiellement. Malheureusement, la voiture tombe au mauvais moment. Cette année-là, l’Europe connaît sa première grave crise pétrolière et la Monica consomme une petite vingtaine de litres de Super au 100 km ! Elle est également vendue à un prix très élevé (2 fois celui de la Citroën SM) qui fait que sa carrière commerciale semble compromise.

La crise

Pourtant, la Monica se démarque par sa finition incroyable pour l’époque avec un intérieur tendu de cuir et incrusté de boiseries et elle est équipée d’accessoires dernier cri comme la climatisation ou la radio avec lecteur de cassettes 8 pistes. Les clients ne se bousculent pourtant pas au portillon dans ce contexte compliqué et Jean Tastevin commence à perdre la foi en son produit pourtant réussi. En 1975, il annonce l’arrêt de la production de la Monica qui n’a été fabriquée qu’à 17 exemplaires. Les voitures qui ne sont pas terminées et les pièces détachées sont rachetées par l’ancien pilote Guy Ligier qui envisage reprendre la production. Malheureusement, l’homme est très occupé par son équipe de F1 et ce projet n’est pas concrétiser. Les caisses qui sont entreposées à l’extérieur terminent finalement leur vie quelques années plus tard… à la casse !

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