petoulet

PétouletMaurice Trintignant, oncle de l’acteur Jean-Louis Trintignant (voir « Mes rencontres extraordinaires (2) ») est né le 30 octobre 1917 à Sainte-Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse (France).

Son père Ferdinand, un prospère viticulteur, était également un fanatique amateur de sports mécaniques. Il possédait 3 voitures qui trônaient dans le garage familial : une massive Chenard & Walker, une « cyclecar » Salmson,  et une BB Peugeot que le petit Maurice, âgé de 9ans à peine, pilotait dans les sentiers de la propriété.

Maurice avait quatre frères, dont trois d’entre eux, à un moment où à un autre, pratiquèrent le sport automobile avec plus ou moins de bonheur.  Seul Raoul (père de Jean-Louis) ne montrait que peu d’intérêt pour ce sport.

Pour sa part, Henri participa à des courses de côte entre 1934 et 1937. René, lui s’essaya en circuit au volant d’une Bugatti 35. Sa conduite plutôt sauvage le conduisit plusieurs fois à l’hôpital, à tel point que sa femme exigea qu’il mit fin à sa naissante carrière. Enfin Louis, le plus doué des trois pilotes, remporta plusieurs courses de côtes au volant d’une Amilcar (autre « cyclecar ») et d’une Bugatti.

Le jeune Maurice participa, en tant que mécanicien, à plusieurs courses de ses grands frères Louis et René, alors qu’il était encore écolier !

A peine âgé de 16 ans, Il assiste ainsi à la tragique disparition de son frère Louis, qui perd la vie au volant de sa Bugatti 51- 2,3L turbo-compressée, lors d’une course qu’il dispute sur le circuit picard de Péronne.

 

Bien que particulièrement choqué par ce drame, Maurice est toujours autant attiré par la course. En 1938, il rachète la Bugatti avec laquelle son frère Louis avait trouvé la mort, et participe au GP de Pau, à l’issue duquel il finit à une belle cinquième place derrière deux Delahaye et les deux Mercedes de Lang et Caracciola !

 

La période d’avant-guerre se termine par victoire au GP des Frontières le 28 mai 1939, à Chimay, en Belgique.

Il prend part à sa première course après-guerre en septembre 1945 : la « Coupe de la Libération », la bien nommée, qui se déroule dans le Bois de Boulogne à Paris.                    

Bugatti 51

La Bugatti 51

Il y participe avec sa vieille Bugatti 2L3 (surnommée la « Grand-Mère » par ses concurrents). Il l’avait sortie pour l’occasion, de la grange dans laquelle elle avait échappée à la convoitise des Allemands durant les années de guerre. Peu de temps après le départ de l’épreuve, le moteur de la Bugatti refuse soudain tout service. Après la course, son mécanicien découvre que le filtre à essence est obstrué par…des crottes de souris. Les rongeurs avaient élu domicile dans le réservoir de l’auto, alors qu’elle était cachée sous des ballots de paille !

Le grand champion français, Jean-Pierre Wimille se rendit chez Maurice, après l’arrivée, pour s’enquérir des causes de l’abandon de son ami. Dans son truculent langage méditerranéen, Trintignant lui expliqua que des « pétoules » (crottes de souris en provençal) étaient la cause de ses soucis. Wimille en éclatant de rire déclara que dorénavant Maurice s’appellerait « Pétoulet ». Il gardera ce surnom sympathique durant toute sa vie…

En 1948, « Pétoulet » est victime d’un très grave accident au GP de Suisse à Berne, où il pilote une Simca-Gordini, lors du même weekend tragique , où Tenni,  le grand Achille Varzi (objet d’un prochain article) et Kautz perdirent tous trois la vie…

Au deuxième tour de la course, Trintignant est quatrième. Il perd le contrôle de son véhicule, et est éjecté au milieu de la piste. Ses poursuivants, le Prince Bira, Nino Farina et le français Robert Manzon, grâce à d’excellents réflexes, arrivent à éviter de justesse le corps de Maurice. Celui-ci sera cependant relevé avec de graves blessures. Amené à l’hôpital de Berne, il y sera immédiatement opéré. Son cœur s’arrêtera de battre durant l’intervention, et il sera déclaré mort. Mais soudain, son cœur se remet à palpiter! Après 8 jours de coma et 15 jours passés aux portes de la mort, il se rétablit à la grande surprise de ses médecins… Sa saison est toutefois terminée.

Suite à ce drame, Trintignant devient particulièrement superstitieux. Avant chaque course, il glisse dans ses poches toutes sortes d’amulettes. Sa collection débute par un petit ours, offert par son épouse à l’hôpital, et se poursuit par une médaille de Saint-Christophe, puis par un badge de l’Automobile Club de Marseille, offert par un admirateur anonyme, au départ d’une course.

En 1951, alors qu’il est inscrit sur Gordini au GP d’Italie, il est victime d’une indigestion. Amédée Gordini, son patron le remplace en cachette par Jean Behra, afin de toucher la prime de départ !

En 1954, il remporte une magnifique victoire aux 24 heures du Mans, en compagnie de l’Argentin José-Froilan

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Gonzalez – Trintignant/ Ferrari 375

                    24h du Mans 1954 – 1ers

Gonzalez (Grand ami de Fangio), au volant d’une voiture d’Enzo Ferrari (modèle 375), qui se plait à le

surnommer amicalement « Le marchand de pinard » !

En 1955, il devient le premier Français à remporter une course du Championnat du Monde de F1 (Monaco), course qu’il remportera une seconde fois en 1958.

   Rainier-Grace                                                                                                      Victoire à Monaco

 

 

lepetouletafficheIl se retire  à la fin de la saison 1964 (il avait promis à sa femme en 1939, de courir encore deux années seulement…), dans son petit village de Vergèse, où il se consacre à son entreprise viticole.  Il produit annuellement 400.000 bouteilles de « Pétoulet » rouge et  rosé, dont les étiquettes reprennent un modèle de voiture qu’il a pilotée. Son slogan : « Le Pétoulet : le Champion des Vins, le vin des Champions » figure sur ses camions. On le voit vendeur dans son magasin de vins à Nîmes, ou sur son tracteur, au milieu de ses vignes ! Il exerça également la fonction de maire de sa commune, entre 1958 et 1964.

Maurice Trintignant décède dans la nuit du 13 février 2005 à l'hôpital de Nîmes à l'âge de 87 ans. Le samedi 30 octobre 2010, la ville de Vergèze inaugure une sculpture en bronze du pilote et de sa Bugatti Type 51. Il aura également droit à ses empreintes de pieds et de mains dans le Wall of Fame du Mans, réservée aux vainqueurs du célèbre « tour d’horloge ».[

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Empreintes de M. trintignant - Wall of Fame – Le Mans

La carrière de Maurice fût riche. En voici les grandes lignes :

En Formule 1 :

  • 15 saisons de Grand Prix de Formule 1
  • 81 départs en Grands Prix et 89 engagements
  • 2 victoires : GP de Monaco 1955 et 1958
  • 1 meilleur tour
  • 10 podiums
  • 78 tours et 261 km en tête

Victoires hors championnat :

Courses de côte :

3 fois vainqueur de la course du Mont Ventoux (49 - 60 – 64) et de celle du Mont-Dore (1963)

Voitures de Sport :

Vainqueur des 24h du Mans 1954 sur Ferrari (avec José-Froilan Gonzalez).

© Lucien Beckers (sources : wikipedia.com – Men at the Wheel/ Peter Miller – archives L.B.)

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