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Figurant parmi les épreuves ayant marqué de leur empreinte la belle et grande histoire du sport automobile au début des années 1960, le Liège-Sofia-Liège se prépare à revivre du 21 au 27 août prochain. Mais à revivre d’une façon quelque peu différente puisque le Liège-Sofia-Liège 2015 se disputera sous la forme d'un rallye de régularité en ligne. D'une longueur de quelque 3.100 kilomètres, le parcours mènera les concurrents de Liège à… Bucarest après avoir traversé l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie et la Roumanie.

Suivant un road-book préparé par Robert Rorife, les concurrents s'élance en direction de la Forêt-Noire, en Allemagne, avant de traverser l'Autriche, puis de rejoindre la Hongrie et Budapest, pour entrer le 24 août au soir en Roumanie.

Informations complémentaires : www.liege-sofia-liege.org et www.facebook.com/trajectoire.be

 

 

Les novices apprennent vite!

 

A 33 ans, Gilles Verleyen est un jeune indépendant dynamique possédant deux magasins de proximité à Bruxelles. Il a découvert les rallyes douze mois plus tôt à travers des balades entre amis mais très vite, il s’est pris au jeu des belles voitures et de la régularité. Après avoir acquis une Austin Sprite, il a craqué récemment pour une Austin Healey 3000 MKI avec laquelle il s’est finalement présenté au départ de ce Liège-Sofia-Liège 2015. Et c’est avec son papa qu’il a choisi de faire équipe.

 

Cadeau original

 

«Pour fêter dignement ses 60 ans, je cherchais un cadeau un peu original qui nous permettrait de vivre une aventure ensemble. Et cette première ré-édition d’un rallye de légende m’a paru être l’occasion idéale pour l’emmener avec moi sur une épreuve de régularité. Lors de mon mariage en mai dernier, nous avions organisé un rallye où il a déjà pu prendre ses marques au niveau de la lecture d’un road-book par exemple. Mais pour le reste, nous sommes des néophytes à 100% et lors des deux premiers secteurs de régularité disputés aujourd’hui, nous n’avons rien compris. Heureusement, on nous a rapidement expliqué le mode d’emploi. A la dernière RT de la journée, nous avons signé le 8e temps. Les routes parcourues avant midi étaient absolument splendides. Après, ce fut plus roulant mais cela nous a permis de nous éloigner de la Belgique le plus vite possible. Demain, l’Autriche et ses montagnes nous attendent déjà. Nous avons hâte d’y être!»

 

 

EXEMPLE DE SOLIDARITE

 

L’efficacité du tam-tam autrichien

 

Alors qu’ils occupaient une belle treizième place au classement provisoire, Piet De Geyter et Philippe Van Overschelde n’ont pas connu une deuxième journée de tout repos. Pour leur première participation à un rallye de régularité, le duo gantois a déjà connu une belle aventure aujourd’hui, en arrivant en Autriche. En effet, en fin de matinée, leur Austin Healey 3000 MKIII se révélait de plus en plus capricieuse à l’abord du premier RT. A l’issue des 10 kilomètres de régularité, ils ont dû s’arrêter sur le bord de la route.

 

Alternateur HS

 

«La voiture faisait de plus en plus de bruit et je craignais d’abord une panne d’embrayage. Mais une fois que nous avons soulevé le capot, nous avons compris que l’alternateur avait rendu l’âme. Ce que nous confirmait l’équipe d’assistance de l’organisateur peu de temps après. Nous avons démonté la pièce incriminée et avons tenté de trouver une petite courroie pour pouvoir reprendre la route. Malheureusement, il nous était impossible de trouver une telle pièce dans le village autrichien où nous avions échoué. C’est donc contraints et forcés que nous avons mis la voiture sur un plateau et sommes montés aux côtés de Jean-François Devillers pour rejoindre l’étape du soir. Mais très vite, une formidable chaîne de solidarité s’est mise en place après quelques coups de fil donnés en Belgique. Une véritable armée de volontaires était prête à nous secourir tant et si bien qu’un mécanicien était en stand-by pour prendre un avion vers l’Autriche avec un alternateur tout neuf. Mais finalement, c’est un ami qui connaissait le président du club Austin autrichien qui nous a mis en contact avec ce dernier. Et il s’est proposé pour nous apporter la pièce de Vienne à Graz pour que nous puissions réparer ce soir... C’est fantastique de voir toute cette solidarité qui s’est créée autour de nous. Franchement, c’est un esprit d’équipe que vous ne trouvez nulle part ailleurs. Rien que pour avoir vécu cela, nous ne regrettons pas le déplacement. J’avais entendu parler d’une mentalité particulière entre amateurs d’ancêtres. Cette journée en est la parfaite illustration.»

 

 

DES FILLES DANS LA COURSE

 

Au volant ou à côté, elles assurent!

 

Elles aiment le style de ces voitures anciennes, elles aiment découvrir de jolis paysages mais elles aiment aussi se prendre au jeu et affronter les hommes sur leur terrain. Elles? Ce sont ces quelques charmantes dames qui ont pris le départ vendredi au volant ou dans le siège de droite. Nous avons profité de l’arrivée du rallye à Budapest pour partir à leur rencontre.

 

Vivre l’ambiance et plus si affinité

 

A bord d’une superbe Lancia Aurelia Spyder America flanquée du numéro un, Catherine et Aurélie D’Andrimont occupent une belle 14e place qui ne semble pourtant pas satisfaire la conductrice: «Hier nous avons connu une journée difficile avec trop d’erreurs. Je suis une habituée des épreuves de régularité et je ne me satisfais pas de ce résultat. Nous voulions participer à ce rallye mythique avec cette voiture que j’ai acquise en 1999. Je me suis alors lancée dans la discipline en débutant par la Coupe des Alpes mais j’ai aussi participé à de nombreux Classic Tours ainsi qu’au Tour de Corse historique. J’ai déjà participé à des rallyes en Argentine ou encore au raid Pékin-Paris mais dans ces cas-là, je ne prends pas une aussi belle auto.»

Sans avoir connu des contrées aussi lointaines, Ingrid Peeters a déjà bien roulé sa bosse dans les épreuves de régularité. Mais pour une fois, c’est dans le baquet de droite qu’elle participe à l’aventure du Liège-Sofia-Liège et cela ne semble pas la préoccuper plus que cela: «Ma monture habituelle n’était pas prête et comme Patricia Van Roosbroeck cherchait une copilote pour l’épauler à bord de sa Jaguar E-Type Convertible, je lui ai proposé mes services. Certes, je préfère conduire mais je pense que cette expérience profitera à mes futures copilotes avec lesquelles je serai davantage compréhensive. C’est une belle expérience. En fait, je travaille dans le textile et quelques années plus tôt, je me suis retrouvée à Rome lors du passage des Mille Miglia historiques et je suis tombée amoureuse de ce genre d’épreuves. Le cadre enchanteur, les jolies carrosseries et l’ambiance qui s’en dégage m’ont séduite et je participe régulièrement à l’ING Ardenne Roads ou encore au Zoute GP.»

LES 3 ANGES-GARDIENS DU RALLYE

 

Ils assurent l’assistance, tard dans la nuit.

 

Derrière les concurrents, ils sont trois à se relayer dans le camion chargé de récupérer les véhicules qui resteraient éventuellement en rade. Il y a Francis, Raphael et Jean-Paul. Et je vous assure que l’ambiance est excellente dans la cabine. Il faut dire qu’ils dorment peu, nos trois anges gardiens chargés de réparer en route ou alors, si cela n’est pas possible, d’embarquer le véhicule sur la remorque pour le réparer à l’étape du soir. Et les nuits sont longues…

 

Les concurrents sont chaleureux!

 

« On se couche rarement avant deux heures du matin », nous raconte Francis Lallemand, un Acqualien de 49 ans. Vu la diversité des modèles engagés, nous n’avons que des pièces pour des petites réparations avec nous. Si celles-ci se révèlent plus importantes, le concurrent doit faire venir les pièces et nous pouvons alors réparer les dégâts une fois l’hôtel du soir atteint. Alors parfois, les mines s’allongent lorsque nous arrivons après toute la troupe mais avec notre camion, je vous assure qu’il n’est pas évident de suivre la même route. Surtout dans les villes où nos trajets s’allongent parfois de plusieurs minutes à cause de rues trop étroites. Heureusement, une fois leur auto réparée, les malheureux retrouvent le sourire et cela se termine souvent tard, au bar, autour d’un verre bien mérité. Je suis un habitué de ce genre d’organisations puisque j’ai déjà suivi des rallyes au Maroc ou au Sénégal et c’est toujours un vrai challenge. On ne chôme pas avec autant de véhicules pour nous trois mais quel bonheur de tenter de garder tous les jours le plus grand nombre de concurrents pour l’étape suivante.» 

A 18 ANS, STANY EST LE BENJAMIN DE L’EPREUVE

 

Avec son père, ils s’amusent à bord d’une AC Cobra.

 

Il n’a pas encore son permis de conduire mais la passion pour l’automobile ancienne est bien ancrée dans le coeur de Stany Machoir. En duo avec son papa, il participe à son premier rallye de régularité à bord d’une impressionnante AC Cobra 289 qui occupe la dernière place du classement au soir de cette sixième journée. Mais pour eux, le résultat n’a aucune importance.

 

Découvrir des paysages fabuleux!

 

«Nous ne sommes pas là pour ça. Habituellement, avec papa, nous participons à des épreuves VHC beaucoup plus sportives comme des courses de côtes dans notre région de Toulouse. Mais papa avait envie de voir du pays, de découvrir de beaux paysages et là, je dois avouer que nous sommes servis. Je n’ai aucune expérience de la régularité et j’avoue que je trouve cela bien trop complexe pour être amusant. Alors je me contente de lire le road-book au mieux et cela s’améliore avec les kilomètres. J’ai fait pas mal d’erreurs sur les autoroutes des deux premières journées mais là, depuis que nous avons quitté l’Autriche, mes erreurs s’espacent. Il faut dire aussi que le tripmaster est tombé en panne ce qui n’a pas facilité les choses. Aujourd’hui,  nous avions droit à la fameuse route Transfăgăraș au coeur des Carpates, en Roumanie, et il faut bien avouer qu’elle vaut le détour. Des virages à n’en plus finir, des kilomètres de bonheur que nous avons pleinement dégustés!» 

 

 

Martens et Pyck imposent leur Porsche 956 SC

 

Une Cobra et une autre Porsche complètent le podium final.

 

C’était un pari un peu fou que Jean-François Devillers, l’organisateur de ce revival du Liège-Sofia-Liège avait pris en choisissant d’emmener ses protégés sur les plus belles routes d’Europe centrale pour une excursion de plus de 3000 km. Mais à l’issue de ce solide périple, on peut dire qu’il a parfaitement relevé le gant. Et le résultat final est à la hauteur du prestige de l’épreuve puisque c’est un équipage plutôt expérimenté qui l’emporte sur une Porsche 956 SC.

 

Une équipe d’enfer

 

«Cela fait deux ans qu’on développe ce projet  et ce n’était pas gagné d’avance », nous racontait Jean-François peu après l’arrivée à Bucarest. « Tout le monde a travaillé dur pour que ce soit une réussite et ce soir, à quelques heures de la remise des prix, je peux me montrer plus que satisfait du résultat. Comme je l’avais dit lors de la conférence de presse à Liège, je rêvais d’organiser un Liège-Sofia-Liège en ayant eu l’occasion, en sortant de l’école, de travailler sur ce rallye avec l’équipe d’Alain Defalle au milieu des années 90. Vingt ans plus tard, nous y sommes et je pense que la qualité de ce rallye était à la hauteur de l’évènement. Cela n’a pas grand-chose à voir avec les épreuves que j’organise habituellement sur un week-end. Ici nous étions trente personnes pour 80 concurrents qu’il fallait choyer durant toute la semaine. Cela demande une organisation impeccable, c’est une autre dimension et je dois dire que cela m’a beaucoup plu même si ce soir, je suis totalement lessivé. Mais toute cette expérience, tous les retours que nous avons eus ici vont servir puisque dès lundi, on va se remettre au travail en vue d’un Liège-Sofia-Liège 2016. Je ne sais pas encore vous préciser les dates exactes mais certains souhaiteraient qu’il se déroule en mai ou juin, ce qui nous laisse deux mois de moins pour le préparer.

Et puis comment ne pas être épaté lorsqu’on sait qu’à l’époque, ils faisaient Liège-Sofia-Liège en quatre jours. C’était un autre temps. Enfin, je suis vraiment content de l’équipe média qui m’entourait et qui a assuré des retours en images et en texte. Nous avons eu la visite de la télévision roumaine mais aussi la Une de deux quotidiens locaux! Enfin, un petit mot sur le beau podium que nous allons fêter. Ce sont des habitués de mes rallyes et comment ne pas être heureux de voir une Porsche sur la plus haute marche du podium?»

 

Solide la Porsche de Martens!

 

En effet, Jean-Jacques Martens n’est pas un inconnu pour ceux qui suivent de près les épreuves mises sur pied par Trajectoire, la société de Jean-François Devillers. Lors de la dernière édition de l’ING Ardenne Roads, ce sympathique Bruxellois de 66 ans avait déjà terminé second des pré-war. Ici, il avait opté pour une monture plus adaptée au parcours.

«Mais cette Porsche 356 SC m’a fait des frayeurs en début d’épreuve. Après 400 km, alors que les soupapes avaient été réglées en Belgique, le moteur a commencé à avoir des ratés. Heureusement à l’étape du soir, je suis tombé sur Raphaël, l’un des mécaniciens qui connaissait particulièrement bien ma monture. Il m’a réglé le tout aux petits oignons en espérant que cela suffirait. Et la Porsche a tenu mais c’est normal, ce sont de solides autos! Avec mon copilote, nous avons, entre autres, déjà remporté le Zoute GP et nous formons un équipage homogène.

Les routes étaient assez exceptionnelles mais j’ai été surpris par l’absence de culture automobile de la part des autres conducteurs. Il y a énormément de circulation et il faut être très prudent car le code de la route est aléatoire. Enfin, je sais que l’organisation n’y est pour rien s’il n’y a pas énormément de routes mais par moments, nous parcourions une quinzaine de kilomètres avec trois changements de direction. Et le plus drôle, c’est que cela n’a pas empêché d’avoir de gros écarts au classement final.»

Les deux équipages qui complètent le podium étaient également à l’arrivée de l’ING Ardenne Roads. Seconds, Jacques et Mathieu Castelein signent un beau résultat à bord d’une monstrueuse AC Cobra tandis que le duo liégeois Bebronne/VanDamme place une autre Porsche 356C sur la troisième marche du podium.

«L’épreuve s’est bien déroulée pour nous et l’organisation était au top », nous confiait le copilote à l’arrivée. « Je peux dire que j’ai terminé cette épreuve mythique et c’est une vraie satisfaction. En plus, savoir que nous grimpons sur la troisième marche du podium est la cerise sur le gâteau. C’est un peu une surprise pour nous de nous retrouver à pareille fête mais le plaisir n’en est que plus intense. Je regrette juste un manque de rythme durant certaines après-midis où mon rôle de copilote était réduit au strict minimum. Mais pour le reste, l’auto n’a pas connu le moindre souci et cela relève toujours du miracle avec de si vieilles voitures.»

 

 

© Photos Julien Mahiels

 

 

 

 

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