Lorsqu’à deux mois du départ du Paris-Dakar, j’appris que je ne pourrais, faute de budget, piloter le break d’assistance du team usine Subaru, je croyais bien que mes projets seraient contrariés pour la quatrième fois en…quatre ans ! En Effet, Vic Elford qui avait réussi à convaincre l’usine japonaise de participer  à ce mythique rallye, n’avait pas pu réunir les budgets suffisants.

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Vic et moi sur le toît de la

voiture de ma sœur Christine                                          

 

La foi déplaçant les montagnes (air connu), et avec les aides de mon ami Pierre Fougerouse, qui m’apportait « Panaché Chopp » sur un plateau d’argent, de Delhaize (sponsor attitré de ma sœur, qui était intervenue en ma faveur auprès de lui), et le restaurant « Pattazekak – Strombeek », je fus en mesure de proposer à Vic de devenir son coéquipier !

Mon désir, au départ, était bien sûr de piloter, mais je devais me faire une raison : c’était ça, ou rester à la maison. Le fait de naviguer un grand pilote comme mon ami britannique, ex-pilote de F1 et pilote-titre chez Porsche (je vous en reparlerai), n’était quand-même pas pour me déplaire…

Après une course effrénée pour être prêts le 30 décembre, nous prenions enfin la direction de la place de la Concorde à Paris. Après des vérifications techniques sans problèmes, et un réveillon des plus calmes, nous prenions le grand départ du 1er janvier !

 J’avoue que je pensais avoir déjà mesuré l’intensité de la ferveur populaire lors de mes participations au rallye de Monte-Carlo ou du Tour de France Auto, mais je n’avais jamais vu une marée humaine aussi impressionnante que celle alignée le long des Champs Elysées, puis de la N20 !

 

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Arrivés à Alger, nous nous retrouvions justes derrière l’équipage Jacky Ickx -  Claude Brasseur, sur la Mercedes-Texaco, au départ de la première étape spéciale d’Oued Djellal. Au bout de 20km à peine, nous avions leur voiture en ligne de mire. Après avoir réalisé la jonction, Vic préféra sagement rester derrière, car la poussière multipliait les risques lors d’un hypothétique dépassement.

beckers dakkar 1982 3Une liaison sans histoires, et nous prenons le départ de la deuxième spéciale avec un moral au zénith ! Vic attaque bille en tête un parcours rapide, mais cassant. Au bout d’une centaine de kilomètres, nous avions déjà dépassé 17 voitures parties avant nous ! Pourtant leurs pilotes n’étaient pas des manchots : Ickx, les frères Marreau, René Metge, Briavoine, Pierre Fougerouse…

A bord, la concentration ne laissait place qu’à un enthousiasme contenu, certes, mais profondément ressenti. Au passage de l’arrivée de la spéciale, aucun doute ne subsistait cependant : nous avions bel et bien pris la tête du rallye avec notre petite Subaru de 90CV (pour à peine 900kg…)!

Une  nouvelle liaison sans histoire, et nous atteignons Hassi Messaoud de nuit, salués par un véritable enfer de flammes, jaillissant des puits de pétrole qui font la richesse de cette région désertique d’Algérie.

Nous passons une nuit très froide à la belle étoile,  emmitouflés dans nos duvets, et nous réalisons enfin vraiment que nous sommes en tête du rallye : tous les journalistes présents viennent recueillir nos impressions, puis un contrôleur vient nous demander de nous présenter sur la ligne de départ devant tous nos concurrents !

Je vous conterai la suite de cette aventure dans un prochain article !

© Lucien Beckers (texte et photos) 

 

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Le file au départ de la spéciale vers Hassi Messaoud.

Les deux pilotes couchés sur la gauche sont Jacky Ickx et votre serviteur !

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